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Entrer dans l’Espérance avec sainte Thérèse de Lisieux
Jour 8
La nuit de la foi

Louer Dieu avec sainte Thérèse
Parole de Dieu
Lecture du livre de Job (19, 21-29)
Ayez pitié de moi, ayez pitié de moi, vous du moins, mes amis, car la main de Dieu m’a frappé. Pourquoi me poursuivre comme Dieu lui-même ? Ne serez-vous jamais rassasiés de ma chair ? Ah, si seulement on écrivait mes paroles, si on les gravait sur une stèle avec un ciseau de fer et du plomb, si on les sculptait dans le roc pour toujours ! Mais je sais, moi, que mon rédempteur est vivant, que, le dernier, il se lèvera sur la poussière ; et quand bien même on m’arracherait la peau, de ma chair je verrai Dieu. Je le verrai, moi en personne, et si mes yeux le regardent, il ne sera plus un étranger. Mon cœur en défaille au-dedans de moi. Lorsque vous dites : “Comment le poursuivre et trouver en lui prétexte à procès ?”, craignez pour vous-mêmes le glaive, car la colère mérite châtiment par le glaive. Ainsi vous saurez qu’il y a une justice. »
À l’écoute de sainte Thérèse
Ah ! que Jésus me pardonne si je Lui ai fait de la peine, mais Il sait bien que tout en n’ayant pas la jouissance de la Foi, je tâche au moins d’en faire les œuvres. Je crois avoir fait plus d’actes de foi depuis un an que pendant toute ma vie. A chaque nouvelle occasion de combat, lorsque mon ennemi vient me provoquer, je me conduis en brave, sachant que c’est une lâcheté de se battre en duel, je tourne le dos à mon adversaire sans daigner le regarder en face ; mais je cours vers mon Jésus, je Lui dis être prête à verser jusqu’à la dernière goutte de mon sang pour confesser qu’il y a un Ciel. Je Lui dis que je suis heureuse de ne pas jouir de ce beau Ciel sur la terre afin qu’Il l’ouvre pour l’éternité aux pauvres incrédules. Aussi malgré cette épreuve qui m’enlève toute jouissance, je puis cependant m’écrier : « Seigneur vous me comblez de joie par tout ce que vous faites. » (Ps. XCI). Car est-il une joie plus grande que celle de souffrir pour votre amour ? Plus la souffrance est intime, moins elle paraît aux yeux des créatures, plus elle vous réjouit, ô mon Dieu ! Mais si par impossible vous-même deviez ignorer ma souffrance, je serais encore heureuse de la posséder si par elle je pouvais empêcher ou réparer une seule faute commise contre la Foi…
Manuscrit C, 7

Méditation
L’épreuve physique de la maladie, que Thérèse a vécue de façon violente à partir du Carême 1896, au cours duquel elle est allée au bout de l’ascèse dont elle était capable, a été tragiquement accrue, à partir de la Semaine sainte de la même année, par son entrée dans la nuit de la foi. Incapable de sentir la présence de Dieu, incapable même de croire en lui par son intelligence humaine, ne parvenant pas davantage à espérer le ciel, dont elle doute affreusement de l’existence, Thérèse est soumise au feu de l’amour en faisant l’expérience de l’absence de Dieu. Mais là encore, son génie spirituel et son inépuisable amour parviennent à transcender la douleur et l’angoisse. Car dans cette nuit obscure elle est enfin sœur de tous, y compris des athées dont elle n’avait jamais compris le discours : « Je jouissais alors d’une foi si vive, si claire, que la pensée du Ciel faisait tout mon bonheur, je ne pouvais croire qu’il y eût des impies n’ayant pas la foi. Je croyais qu’ils parlaient contre leur pensée en niant l’existence du Ciel ». Thérèse est l’une d’entre eux désormais, sœur universelle dans la nuit de ce monde. Elle parviendra à traverser héroïquement l’épreuve de ce feu obscur en vérifiant l’existence de Dieu par une réalité solide, visible, incontestable : ses propres actes. « Tout en n’ayant pas la jouissance de foi, écrit-elle au début de l’été 1897, je tâche au moins d’en faire les œuvres, je pense avoir fait plus d’actes de foi depuis un an que depuis toute ma vie. » Puisque son enfance et son adolescence lui ont révélé qu’elle n’était pas capable d’aimer par ses propres forces, et que seule la grâce divine pourrait la rendre sainte (Noël 1886), c’est en continuant à faire les gestes et à dire les paroles de l’amour autour d’elle, en redoublant d’attention et de patience vis-à-vis des sœurs exaspérantes ou peu attirantes, en multipliant les sacrifices invisibles pour le bonheur des autres qu’elle continuera de constater que Dieu existe. Et d’espérer.
Jean de Saint-Cheron
Prions
Psaume 30, 2-9
En toi, Seigneur, j’ai mon refuge ;
garde-moi d’être humilié pour toujours.
Dans ta justice, libère-moi ;
écoute, et viens me délivrer.
Sois le rocher qui m’abrite,
la maison fortifiée qui me sauve.
Ma forteresse et mon roc, c’est toi :
pour l’honneur de ton nom, tu me guides et me conduis.
Tu m’arraches au filet qu’ils m’ont tendu ;
oui, c’est toi mon abri.
En tes mains je remets mon esprit ;
tu me rachètes, Seigneur, Dieu de vérité.
Je hais les adorateurs de faux dieux,
et moi, je suis sûr du Seigneur.
Ton amour me fait danser de joie :
tu vois ma misère et tu sais ma détresse.
Tu ne m’as pas livré aux mains de l’ennemi ;
devant moi, tu as ouvert un passage.


Je vous salue Marie,
pleine de grâce.
Le Seigneur est avec vous,
vous êtes bénie entre toutes les femmes
et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni.
Sainte Marie, Mère de Dieu,
priez pour nous, pauvres pécheurs,
maintenant et à l’heure de notre mort.
Amen.
Notre Père qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite
sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui
notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses,
comme nous pardonnons aussi
à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation,
mais délivre-nous du Mal.
Amen.

Seigneur Jésus, tu as permis que Thérèse vive l’épreuve de la maladie dans les ténèbres de l’incroyance. Avec elle, nous nous tournons vers toi :
R/ Jésus, garde notre foi
Au cours de ta vie terrestre, tu as converti des foules par tes actes et tes paroles ; donne-nous d’être, par notre vie tout entière, des témoins de ton amour pour le monde auprès de nos proches qui n’ont pas la foi : R/
Quand tout semblait perdu, tu as crié vers Dieu ; donne-nous de croire que, même lorsque le ciel nous paraît silencieux, tu agis au cœur de nos vies : R/
Le matin du troisième jour, ta lumière victorieuse a jailli dans le monde ; viens éclairer toutes nos obscurités : R/
Seigneur, à l’heure de sa grande épreuve contre la foi, sainte Thérèse, qui ne sentait plus ta présence, est allée par ses actes jusqu’au bout de ta suite ; permets que notre fidélité à ton amour se fasse inventive dans les moments de doute. Par Jésus Christ, ton Fils.

Crédit des images :
Bandeau : Le Paradis, Maurice Denis (1870-1943), musée d’Orsay, Paris. © akg-images / Erich Lessing.
Paul Buffet (1864-1941), Sainte Thérèse de Lisieux sur son lit de mort, église Saint-Joseph-des-Carmes, chapelle Sainte-Thérèse, Paris, France. © Ville de Paris, COARC / Jean-Marc Moser.
Tableaux de fleurs : © Alamy.