dimanche 28 septembre
26e dimanche du temps ordinaire
L’Homme riche et le pauvre Lazare,
xviiie, Amsterdam, Rijsmuseum.
Abîmes
Christelle Javary
L’abîme appelant l’abîme… Ce verset énigmatique du psaume 41(v. 8) nous guidera dans les lectures de ce dimanche, où il est plusieurs fois question d’une distance devenue infranchissable.
Le prophète Amos, originaire du royaume de Juda, au sud, est envoyé par Dieu prêcher dans le royaume du Nord, celui d’Israël. C’est une période de prospérité, mais trompeuse. Indifférents au sort des miséreux, les plus favorisés déploient un luxe insolent. Ils sont aussi aveugles sur la grave menace que fait peser l’Assyrie. Ils ne se tourmentent guère, tonne Amos, du désastre d’Israël, c’est-à-dire la chute imminente du royaume. L’abîme de l’aveuglement des riches vis-à-vis des pauvres prépare et annonce l’abîme qui les attend : le renversement complet entre leur bonheur présent et la ruine de la déportation, quand la bande des vautrés n’existera plus.
Ce double abîme hante aussi la parabole du riche et du pauvre dans l’Évangile. Comme les contemporains d’Amos, le riche multiplie les banquets et ne voit même pas qu’un pauvre gît à sa porte. À cet abîme creusé par l’aveuglement et la dureté de cœur répond, dans l’au-delà, le « grand abîme » qui sépare les réprouvés et les hôtes d’Abraham. Le riche ne s’est guère tourmenté du sort de Lazare, qui a vainement espéré ne fût-ce qu’une miette des ripailles. Désormais, c’est le riche qui mendie une goutte d’eau.
Il n’y a pourtant aucune fatalité dans ces deux terribles histoires, seulement un avertissement et une admonestation qui tient en un seul mot : conversion. Un jour, il sera trop tard, mais aujourd’hui, il est encore temps de ne pas laisser notre péché creuser de tragiques abîmes.
Franchir l’abîme avec Thérèse
Saint Paul, dans sa première lettre à Timothée, évoque un autre abîme, celui qui par nature existe entre Dieu et l’humanité : Lui seul possède l’immortalité, habite une lumière inaccessible ; aucun homme ne l’a jamais vu (1 Tm 6, 16). Mais, ô merveille, ce Dieu inaccessible a choisi de se rendre accessible à l’être humain en lui révélant sa parole. L’abîme infranchissable, c’est lui qui l’a franchi. Celui que nul ne peut voir s’est rendu visible en son Fils.
Dans quelques jours, ce sera la fête de sainte Thérèse de Lisieux, point d’orgue de l’année sainte du centième anniversaire de sa canonisation. Consciente de sa petitesse et de la grandeur de Dieu, elle invente l’image de l’ascenseur (une innovation à son époque) pour exposer comment elle parviendra jusqu’à son Seigneur : « L’ascenseur qui doit m’élever jusqu’au ciel, ce sont vos bras, ô Jésus ! » Alors que le riche de la parabole éprouvait la fournaise d’un feu torturant, sainte Thérèse chante avec allégresse le « brasier dévorant de l’Amour » qui consume tous nos péchés comme une goutte d’eau. n
Découvrez après les lectures de la messe notre suggestion de prière universelle. Ces intentions sont à adapter en fonction de l’actualité et de l’assemblée qui célèbre.
Bonne fête ! Venceslas, Wenceslas, Ennemond, Alphée, Laurent (Ruiz)