Alban de Châteauvieux
Fêtée le 26 septembre
Connaissez-vous le Cénacle ? Caenaculum, en latin, désigne la « salle haute », celle où Jésus célébra la Pâque à Jérusalem, juste avant sa mort. C’est aussi le nom d’une congrégation vouée à l’organisation de retraites spirituelles, en particulier à destination des femmes : la congrégation des sœurs de Notre-Dame-du-Cénacle, fondée en 1826 par sainte Thérèse Couderc et le père Étienne Terme, à Lalouvesc, en Ardèche.
« Faire retraite »
La sainte est née Marie-Victoire Couderc en 1805, à 170 km au sud, au village de Sablières. Seconde d’une fratrie de dix enfants, elle rencontre le père Terme lors d’une mission paroissiale et lui confie son désir de vie religieuse. Il lui conseille le noviciat des sœurs de Saint-François-Régis, à Aps, où elle entre en janvier 1826, bravant l’avis négatif de son père. Devenue sœur Thérèse, elle n’y reste pas longtemps car le père Terme l’appelle à Lalouvesc où il vient d’ouvrir une petite communauté de religieuses. Leur mission est « de mettre à l’abri les pèlerines » qui viennent vénérer les reliques de saint François-Régis – ces femmes étant jusque-là hébergées dans des auberges dont la mixité les détournait parfois du but premier de leur démarche.
Thérèse prend la responsabilité de cette maison, à 23 ans. Elle y ajoute un objectif spirituel : que ce lieu soit aussi pour ces femmes un endroit où prier et approfondir leur foi, où « faire retraite ». Des retraites selon la spiritualité ignacienne que le père Terme a découverte et transmise aux religieuses. Thérèse commence par s’approprier elle-même cette méthode de relecture de vie et de discernement, inspirée des Exercices spirituels d’Ignace de Loyola. Mais le père Terme décède brutalement et Thérèse est évincée de la direction de la communauté.
S’exercer au bonheur
Elle part pour Montpellier où s’épanouira pleinement sa vie d’union à Dieu. Fidèle à la tradition ignacienne, elle s’applique à trouver la présence de Dieu en toute chose. Établie définitivement à Lyon en 1867, elle prend le temps de relire sa vie afin d’y trouver l’empreinte du Seigneur à ses côtés et les signes du bonheur qu’il veut pour elle. En goûtant sa présence et sa bonté à travers tout ce qu’elle traverse, la santé comme la maladie, le travail comme le repos, elle apprend à « sentir et goûter les choses intérieurement », comme l’enseigne Ignace. Le bonheur promis n’est pas à attendre dans un autre monde, il est à vivre aujourd’hui, là où nous sommes. « Il faut étudier à être heureux éternellement », conseille Thérèse Couderc. En s’émerveillant, en reconnaissant les dons de Dieu dans les événements de la vie et en Dieu lui-même. « Jouissez donc de votre bonheur sans trop vous préoccuper de l’avenir », écrit-elle à son neveu.
Très simplement, Thérèse nous appelle à nous « exercer au bonheur », car Dieu « prend plaisir à notre bonheur ». La joie ainsi ressentie est une attitude intérieure profonde, constante malgré les situations plus ou moins joyeuses que nous traversons.
Cette attention au bonheur ne lui épargnera pas les épreuves physiques et spirituelles. C’est au cénacle de Fourvière, à Lyon, qu’elle meurt en 1885. n
À l’écoute de Thérèse Couderc
Pendant mon action de grâce, je fis ces réflexions sur la bonté de Dieu, cette bonté infinie, bonté incréée, source de toutes les bontés ! et sans laquelle il n’y aurait aucune bonté ni dans les hommes, ni dans les autres créatures. J’étais extrêmement touchée de ces réflexions, lorsque je vis écrit comme en lettres d’or ce mot « bonté » que je répétais depuis longtemps avec une indicible douceur. Je le vis écrit sur toutes les créatures animées et inanimées, raisonnables ou non, toutes portaient ce nom de bonté. Je compris alors que tout ce que ces créatures ont de bon et tous les secours que nous recevons de chacune d’elles sont un bienfait que nous devons à la bonté de notre Dieu.