dimanche 5 mai
6e dimanche de Pâques
Louons le Seigneur par notre charité car Dieu prête l’oreille au chant de notre cœur.
Le Christ prêche aux disciples,
Grégoire Huret (1606-1670), NY, MET.
Amour depuis toujours
Père Philippe Lefebvre
« Aimez-vous les uns les autres » : c’est là ce que Jésus a lui-même appelé auparavant le « commandement nouveau » (Jn 13, 34). Ce qui est nouveau, c’est qu’il est centré sur le Christ, actualisé en lui : « Aimer le prochain » en reconnaissant le Christ présent en lui et, d’autre part, pouvoir « aimer » en reconnaissant en soi la présence du Christ qui donne d’aimer. Mais, comme toujours, ce que le Christ apporte de neuf est enraciné dans la Parole depuis longtemps : notre Évangile éclaire cette nouveauté du Christ, du « Verbe » comme on le nomme d’emblée (cf. Jn 1, 1), qui accomplit totalement en lui les paroles que Dieu nous a données bien des siècles auparavant.
L’appel à l’amour du prochain est ainsi une prescription célèbre du Lévitique : Tu aimeras ton prochain comme toi-même (Lv 19, 18.34). Et, plus tard, elle est mise en œuvre et évoquée avec les mêmes mots par Jonathan, fils du roi Saül et ami de David. Jonathan comprend rapidement que ce n’est pas lui qui régnera après son père, c’est David que le Seigneur a choisi. Jonathan remet donc aussitôt à David sa dignité de prince héritier et il aide son ami au péril de sa propre vie. D’emblée, Jonathan s’attacha de toute son âme à David et il l’aima comme lui-même (1 S 18, 1.3). Des échos de cette expression se font entendre dans les chapitres suivants (cf. 1 S 20, 17 ; 23, 16-18, etc.).
Demeurez dans mon amour
Notre Évangile de Jean reprend ces formules et laisse affleurer cette histoire d’autrefois dans son actualité. Si Jonathan assure David qu’il lui transmet tout ce que son père, Saül, lui dit (cf. 1 S 20, 9), Jésus nous donne la même assurance : « Tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître » (Jn 15, 15). Mais, cette fois, le Père dont il parle n’est plus l’inquiétant roi Saül ; c’est le Père du ciel qui donne la vie. On pourrait donner d’autres exemples de cette interaction entre les deux histoires. Ils nous montrent en tout cas que le commandement de l’amour fait son chemin depuis bien longtemps et apparaît pleinement dans la nouveauté du Christ.
Que nous puissions être contemporains de ceux qui ont accepté il y a bien longtemps de vivre dans l’amour du prochain, comme Jonathan et David, permet de mieux comprendre ce que le Christ entend quand il parle de « demeurer » : « Demeurez dans mon amour. » Ceux qui aiment leurs prochains, que cela se passe il y a trente siècles ou aujourd’hui, sont contemporains dans la maison du Père. Ils vivent dans cette demeure et y donnent ce fruit de l’amour partagé. Dans notre monde violent, secoué par les conflits au Proche-Orient, en Ukraine ou au Soudan, il peut paraître illusoire d’appeler à l’amour du prochain. Quand on comprend que cet amour vient de plus loin que nous, il apparaît comme la seule réalité qui puisse faire vivre et demeurer. n
Retrouvez après les lectures de la messe notre suggestion de prière universelle. Ces intentions sont à adapter en fonction de l’actualité et de l’assemblée qui célèbre.
Bonne fête ! Judith, Ange, Euthyme