Magnificat

Angèle de Foligno (1248-1309) , dans les pas de saint François

Par Aude Bracq

Par Aude Bracq

Le 1 janvier 2023

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u Fêtée le 4 janvier u

L’itinéraire spirituel d’Angèle de Foligno, mystique italienne du xiiie siècle, peut sembler difficile à aborder tant il est marqué par la pénitence, la souffrance et les privations. Pourtant, son chemin de conversion, de la crainte de l’enfer à la grâce de l’union totale avec la Trinité, peut nous aider encore aujourd’hui.

Angèle naît en 1248 dans une famille aisée de Foligno, en Italie. Après une éducation superficielle, elle est mariée à 20 ans et donne vie à deux enfants. Son existence est insouciante et frivole, éloignée de Dieu. Mais un violent tremblement de terre frappe sa région, en 1279, et la guerre de sa ville contre Pérouse fait rage. À 37 ans, elle prend conscience de son péché et connaît une conversion rapide. Mais elle communie avant d’avoir osé avouer ses fautes à son confesseur. Tourmentée, elle invoque saint François, mort vingt ans avant sa naissance. En 1285, le pauvre d’Assise lui apparaît en vision. Elle donne alors aux indigents tout ce qu’elle possède et s’inflige de telles austérités que les siens la croient folle.

Après avoir perdu sa mère, puis son mari et ses enfants, en 1288, elle entre dans le tiers ordre franciscain. Obsédée par les imperfections de sa vie, elle se sent « indigne » de Dieu et pense ne mériter que l’enfer. Elle « ne sent pas l’amour ». Simplement « honte et amertume », écrit-elle dans son Livre des visions et des instructions. « C’est la phase de l’équilibre instable entre la douleur et l’amour », explique Benoît XVI dans Les Femmes, la sainteté et l’Église.

Celui qui va la « sauver de son indignité », c’est le Christ crucifié. Elle contemple Jésus sur la croix, voyant dans la crucifixion l’acte suprême d’amour du Christ. Elle est l’objet d’illuminations, parfois de crises mystiques violentes qu’elle est bien incapable de décrire à son entourage. Le « Dieu-homme de la Passion » devient son « maître de perfection ».

Grâce à une prière constante malgré les épreuves, elle entre enfin dans l’amour miséricordieux de Dieu. Ses dernières années sont plus paisibles, jusqu’à sa mort le 4 janvier 1309. n

À l’écoute d’Angèle de Foligno

Tout ce que l’âme conçoit ou saisit lorsqu’elle est renfermée dans ses étroites limites, n’est rien auprès du ravissement. Mais quand elle est élevée au-dessus d’elle-même, illustrée par la présence de Dieu, quand Dieu et elle sont entrés dans le sein l’un de l’autre, elle conçoit, elle jouit, elle se repose dans les divins bonheurs qu’elle ne peut raconter. Ils écrasent toute parole et toute conception. C’est là que l’âme nage dans la joie, dans la science ; illustrée à la source de la lumière, elle pénètre les paroles obscures et embarrassantes de Jésus Christ. Délectation, plaisir, joie, tout se succède sans se ressembler.

Extrait du Livre des visions et des instructions

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Aude Bracq

(Journaliste, Aude Bracq est également biographe, en particulier pour les personnes gravement malades avec l’association Passeur de mots, passeur d’histoires.

Le Christ à la mer de Galilée, Circle of Jacopo Tintoretto (Probably Lambert Sustris), Anonymous Artist - Venetian, 1518 or 1519 - 1594. © National Gallery of Art, New-York