dimanche 17 août
20e dimanche du temps ordinaire
L’Esprit Saint,
gravure, xxe s.
Au feu ! À l’eau !
Père Philippe Lefebvre, o.p.
« Je suis venu apporter un feu sur la terre » : dans l’œuvre de saint Luc, constituée de son Évangile et des Actes des Apôtres, le feu a une grande importance. La première scène qui nous y est présentée est une scène de feu : le prêtre Zacharie fait brûler de l’encens au Temple (cf. Lc 1, 9-11). Il apprend alors d’un ange que sa femme et lui seront bientôt les parents d’un fils : Jean. Quand ce même Jean, le Baptiste, commence sa mission, des années plus tard, il appelle à la conversion par des paroles brûlantes : « Tout arbre qui ne produit pas de beau fruit va être coupé et jeté au feu » (Lc 3, 9). Et il annonce qu’un Autre arrive, le Christ, qui « vous baptisera dans l’Esprit saint et le feu » et « brûlera [la paille] au feu qui ne s’éteint pas » (v. 16.17). De fait, le messie Jésus déploiera la prédication de Jean avec vigueur en rappelant qu’aux jours de Loth les gens menaient leurs petites vies sans s’inquiéter de rien quand, soudain, une pluie de soufre et de feu s’abattit sur eux (cf. Lc 17, 29 ; voir Gn 19, 24).
Au début des Actes, saint Luc reprend les mêmes paroles : le Christ, qui va s’élever vers le ciel, enjoint à ses disciples d’attendre l’Esprit Saint (cf. Ac 1, 5) ; bientôt, le jour de la Pentecôte, ils reçoivent l’Esprit annoncé, qui se répand sur eux sous la forme de langues de feu (cf. Ac 2, 3). S’actualise alors ce que le Seigneur avait annoncé à son prophète Jérémie sept siècles auparavant : « Je fais de mes paroles un feu dans ta bouche » (Jr 5, 14 ; voir encore 20, 9).
Révéler, discerner
On peut s’étonner que Jésus conjugue cette image du feu avec celle du baptême : « Je dois recevoir un baptême » ; c’était dans l’eau du Jourdain que le Christ fut baptisé par Jean, mais il annonce ici la Passion dans laquelle il sera plongé. L’eau ou le feu : il faut choisir, pourrait-on dire à propos de ces éléments contradictoires. Mais nous savons, encore aujourd’hui, que la liturgie du baptême est tout autant une plongée dans l’eau avec le Christ que la réception de l’Esprit de feu, symbolisé par les cierges allumés. On ne parle jamais dans la Bible du mystère des Personnes divines sans conjuguer ce qui, à vue trop humaine, semble disparate.
C’est ce mystère intense, vivifiant, dépassant nos limites habituelles, que le Christ vient révéler. Et la révélation entraîne toujours un discernement : quels sont ceux qui acceptent de s’ouvrir à une vie infiniment plus vaste – une Vie nouvelle ? Et quels sont ceux qui préfèrent rester dans leurs territoires connus et garder la main ? Des choix contradictoires naissent les dissensions, souvent entre proches. Quoi qu’il puisse arriver, perdons nos repères, nos alibis habituels ; plongeons avec le Christ dans l’eau et le feu. Nous renaissons alors à une Vie tout à fait nouvelle. n
Découvrez après les lectures de la messe notre suggestion de prière universelle. Ces intentions sont à adapter en fonction de l’actualité et de l’assemblée qui célèbre.
Bonne fête ! Claire (de Montefalco), Élie (le jeune)