dimanche 16 février
6e dimanche du temps ordinaire
Béatitudes,
Joseph Mulder (1658-1742)
Amsterdam, Rijksmuseum.
Carte d’identité
Père Olivier Praud
A la manière de Moïse qui descend du Sinaï, Jésus s’abaisse pour rejoindre ses disciples et s’adresse à eux sur un terrain plat. Dans ce face-à-face surgit une réciprocité inouïe. En prononçant chacune de ses paroles, Jésus dévoile qu’elles ne sont pas des commandements à respecter selon la logique de la première Alliance, mais la manifestation de la vie divine qui l’anime et qu’il nous offre en partage.
Tout d’abord, l’identité même de Jésus transparaît dans chacune des Béatitudes. N’est-il pas celui qui peut, seul, les prononcer en vérité ? Car elles ne sont pas de simples qualités morales ou héroïques. Elles manifestent la manière dont il accomplit en ce temps l’amour de Dieu pour tous les hommes. La consolation, la miséricorde et le pardon expriment humainement l’action du Père qui, par son Fils bien-aimé, veut réconcilier les hommes avec lui par la force de l’Esprit Saint. L’attente qui habite celui qui pleure, qui a faim, qui est pauvre ou accablé par la haine, trouve sa réponse dans la Pâque du Christ. Comme le rappelle Ambroise de Milan : « Si ce n’est pas pour nous qu’il est ressuscité, alors il n’est pas ressuscité, lui qui n’avait aucune raison de ressusciter pour soi-même, puisque les liens de la mort ne le tenaient pas ! »
Dès lors, la logique de la nouvelle Alliance est pascale de part en part. En faisant appel à la liberté la plus intense de chacun, elle peut convertir ce qui est puissance de mort pour en faire une source de vie. L’opposition entre les termes « heureux » et « malheur », qui scandent le récit de Luc, veut mettre l’accent sur la dynamique du don qui doit être la marque du disciple véritable. Il ne sera pas un buisson sur une terre désolée, mais il deviendra ainsi un arbre [dont le] feuillage reste vert [et] porte du fruit.
De ce fait, les béatitudes définissent en quelque sorte la carte d’identité du chrétien. Elles dessinent le visage d’hommes et de femmes attentifs aux lieux de fracture du monde et qui viennent y apporter la grâce et non la condamnation, l’espérance et non la peur, la soif de justice et de paix et non l’indifférence des puissants. L’appel à la sainteté devient ainsi plus vif, plus concret lorsqu’il est relu à l’aune des paroles lumineuses du Christ.
Devenir prophète !
En ne retenant que quatre dimensions de la vie humaine, Luc insiste sur l’urgence de la conversion. Le règne de Dieu est pour aujourd’hui. Le véritable prophétisme évangélique est celui qui appelle au partage et à ne pas craindre le manque, à la révolte contre les injustices et l’indifférence, au refus de la séduction et de l’idole, à défendre la vie depuis son commencement jusqu’à sa fin. Finalement, le psalmiste énonce une béatitude qui résume toutes les autres : Heureux est l’homme qui met sa foi dans le Seigneur. n
Retrouvez après les lectures de la messe notre suggestion de prière universelle pour la messe. Ces intentions sont à adapter en fonction de l’actualité et de l’assemblée qui célèbre.
Bonne fête ! Julienne
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