Comme

Le 18 mai 2025

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dimanche 18 mai

5e dimanche de Pâques

Le Lavement des pieds,
gravure, xve s.

Comme

Père Olivier Praud

Très souvent, des enquêtes essaient de dresser l’identité des croyants dans la société contemporaine, les convictions des catholiques ou des quinze mille néophytes adultes et adolescents qui ont rejoint la communauté chrétienne à Pâques cette année. À grand renfort de tableaux et de diagrammes colorés, elles esquissent un portrait en trompe-l’œil du chrétien d’aujourd’hui. Alors que nous cherchons souvent ce qui nous distingue des autres, à quelques heures de sa Passion, Jésus en donne, lui, une définition unique et intense : « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » Lui seul peut la prononcer en vérité. En la faisant résonner une fois encore durant le temps pascal, la liturgie lui donne une saveur renouvelée. Parce que, jour après jour, il faut apprendre à vivre en ressuscité, avoir de l’amour les uns pour les autres ne relève pas d’une simple bonne intention ou d’un vœu pieux. Il ne s’agit pas d’aimer parce que l’on a de la sympathie pour certains, que l’on se ressemble, que l’on a les mêmes idées et convictions morales, ou que l’on prie de la même manière. Il faut aimer « comme je vous ai aimés », dit Jésus. C’est-à-dire aimer comme lui l’a manifesté dans sa mort et sa résurrection, aimer « comme » en Jésus Dieu nous a aimés et nous aime toujours.

Dès lors, ce « comme » dépasse le lien de causalité et d’imitation. Il repose sur la nécessité de se laisser altérer par l’autre, de le considérer autant que l’on se considère soi-même, d’en prendre soin de la même manière que l’on prend soin de sa propre vie. Prendre ce chemin n’est pas de tout repos et expose à des échecs, des déceptions et des épreuves. Il est même dangereux dans un temps où l’autre, parce qu’il est fondamentalement autre, est envisagé comme une menace. En cherchant à aimer comme Jésus aime tous les hommes, une contestation s’opère contre toute forme d’asservissement, d’abus ou de mensonge. Le vrai combat est finalement en chacun. Aimer en vérité demande de reconnaître sa propre finitude et de recevoir d’un autre ce que l’on ne peut se donner à soi-même, l’amour et la miséricorde.

Un commandement nouveau

Parce que cette identité s’enracine dans ce commandement nouveau dont le Christ est le visage humain, elle indique une voie qui permet de traverser les tribulations de ce temps avec confiance. L’Apocalypse annonce l’accomplissement de cette nouvelle manière de vivre comme l’établissement d’une cité qui sera la demeure de Dieu avec les hommes et où il essuiera toute larme de leurs yeux, où il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur. Trop beau pour être vrai ? Sûrement pas, si l’entraînement du temps pascal nous apprend à aimer « comme » Jésus. n

Découvrez après les lectures de la messe notre suggestion de prière universelle. Ces intentions sont à adapter en fonction de l’actualité et de l’assemblée qui célèbre.

Bonne fête ! Éric, Coraline, Genséric, Coralie, Corinne, Jean (Ier), Potamon

Retrouvez la Petite chronique biblique de Marie-Noëlle Thabut, ainsi qu’un programme inédit de chants pour la messe dominicale sur www.magnificat.fr/celebrer

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Le Christ à la mer de Galilée, Circle of Jacopo Tintoretto (Probably Lambert Sustris), Anonymous Artist - Venetian, 1518 or 1519 - 1594. © National Gallery of Art, New-York