Dettes

Le 21 septembre 2025

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dimanche 21 septembre

25e dimanche du temps ordinaire

Parabole du gérant injuste,
1604, Amsterdam, Rijksmuseum.

Dettes

Christelle Javary

Toujours plus ! Telle est la devise des profiteurs que dénonce le prophète Amos. Voraces et rapaces, ils ne supportent pas qu’un jour férié (la fête de la nouvelle lune) interrompe leurs transactions douteuses. Ils exploitent sans scrupule les pauvres et débordent d’imagination pour frauder les malheureux.

Toujours moins ! Telle est la devise du gérant malhonnête de la parabole de l’Évangile de ce dimanche. Licencié pour sa mauvaise gestion, il a un besoin urgent de se créer des amis et n’ayant plus rien à perdre, le voilà qui diminue allègrement les dettes des débiteurs de son maître en « corrigeant » les reçus. Cent barils d’huile ? Et hop, cinquante seulement. Cent sacs de blé ? Pas du tout, quatre-vingts.

Le comportement des contemporains d’Amos suscite la colère de Dieu, ce qui ne nous étonne guère. Mais pourquoi le maître de la parabole, décidément peu rancunier, fait-il l’éloge du gérant qui l’a escroqué ? Nous donne-t-on la malhonnêteté en exemple ? Non, heureusement. Le gérant pris en faute est qualifié d’habile (ou sensé), car il prend lucidement la mesure de sa situation et il en tire les conséquences. Il constate qu’il dépend désormais des autres et qu’il doit absolument susciter (et en l’occurrence acheter) leur bienveillance à son égard. Or Jésus regrette que « les fils de la lumière », c’est-à-dire les croyants, ne soient pas aussi habiles que « les fils de ce monde ». Notre charité sait-elle se faire inventive, créative, audacieuse ? Défendons-nous les intérêts des pauvres, serait-ce en bousculant l’ordre de ce monde ?

Libérés du fardeau de la dette

Alors qu’il venait d’ouvrir l’Année jubilaire, le pape François, dans son message pour la Journée de la paix, le 1er janvier 2025, a justement appelé à la remise des dettes des pays les plus pauvres. En effet, dans la Bible, le jubilé permettait aux personnes endettées et aux esclaves d’être libérés et de prendre un nouveau départ. À la dette monétaire, le pape ajoute la dette écologique, c’est-à-dire les dommages causés par l’exploitation excessive des ressources naturelles. Il ne s’agit pas d’une mesure sociale, mais d’une prise de conscience spirituelle. Devant Dieu, nous sommes tous des débiteurs insolvables, écrasés par le poids de nos péchés. Dans le Notre Père que Jésus nous a enseigné, il est dit : « Remets-nous nos dettes, comme nous-mêmes nous remettons leurs dettes à nos débiteurs » (Mt 6, 12). Or, le Père a prodigué son infinie miséricorde par son Fils bien-aimé, il a effacé le billet de la dette qui nous accablait […] : il l’a annulé en le clouant à la croix (Col 2, 14). Riches et pauvres, nous sommes tous invités à prendre un nouveau départ, pour construire enfin des relations fraternelles qui ouvriront un avenir commun. n

Découvrez après les lectures de la messe notre suggestion de prière universelle. Ces intentions sont à adapter en fonction de l’actualité et de l’assemblée qui célèbre.

Bonne fête ! Matthieu, Matéo, Mathis, Levi, Castor (d’Apt)

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Le Christ à la mer de Galilée, Circle of Jacopo Tintoretto (Probably Lambert Sustris), Anonymous Artist - Venetian, 1518 or 1519 - 1594. © National Gallery of Art, New-York