Élévation

Le 14 septembre 2025

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dimanche 14 septembre

La Croix glorieuse

La Croix glorieuse,
Adriaen Collaert (1560-1618), Amsterdam, Rijksmuseum.

Élévation

Christelle Javary

Abaissement, élévation : toute la vie du Christ se donne à contempler dans ces deux mouvements. Celui qui est « descendu du ciel » renonce à son rang divin pour partager notre humanité, puis il s’abaisse davantage en consentant à la mort, et la mort de la croix. Mais dans ce supplice effroyable et ignominieux, il voit déjà tout autre chose : « Et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes » (Jn 12, 32).

Abaissement, élévation : le livre des Nombres rapporte un épisode énigmatique qui suit la sortie d’Égypte. Libéré de la servitude mais épuisé et découragé, le peuple d’Israël récrimine contre Dieu. Surgissent alors des « serpents brûlants » qui infligent la mort quand ils rampent et mordent, mais dont l’effigie de bronze, élevée sur un mât, est source de guérison. Cette ambivalence frappante est celle de la croix, instrument de torture qui procure le salut. C’est pourquoi Jésus cite cette histoire : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. »

L’expression même de « Croix glorieuse » semble à première vue un oxymore, une association de termes contraires. Qui oserait parler d’un resplendissant gibet, qui aurait l’idée de porter au cou une guillotine miniature ? Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé, proclame l’Évangile de Jean après l’épisode du coup de lance (Jn 19, 37, citant Za 12, 10). Lever les yeux vers le Christ en croix, non pour être accablé de honte et de douleur, mais pour accueillir le pardon qui est ainsi manifesté, premier fruit de la vie éternelle offerte par notre Sauveur.

Salut offert à tous

Le mystère de la Croix glorieuse révèle et manifeste jusqu’où va l’amour de Dieu pour les hommes, « car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique ». Ce mystère concerne toute l’humanité, et pas seulement les croyants. Nous n’avons pas le droit de garder pour nous ce trésor que nous avons reçu.

Ce 14 septembre 2025 marque exactement le 60e anniversaire de l’ouverture de la quatrième et dernière session du concile Vatican II. Le pape Paul VI rappelait alors avec force dans son discours la vocation essentiellement missionnaire de l’Église : « L’Église, dans ce monde, n’est pas une fin en soi ; elle est au service de tous les hommes ; elle doit rendre le Christ présent à tous, aux individus et aux peuples, de la manière la plus large et la plus généreuse possible ; c’est sa mission. » Quand nous imitons l’abaissement du Christ serviteur, quand nos gestes d’amour relèvent les plus petits de nos frères, nous participons à la mission de l’Église, dans l’espérance que notre humanité soit élevée à la gloire du ciel. n

Découvrez après les lectures de la messe notre suggestion de prière universelle. Ces intentions sont à adapter en fonction de l’actualité et de l’assemblée qui célèbre.

Bonne fête ! Albert (de Jérusalem)

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Le Christ à la mer de Galilée, Circle of Jacopo Tintoretto (Probably Lambert Sustris), Anonymous Artist - Venetian, 1518 or 1519 - 1594. © National Gallery of Art, New-York