Garder !

Le 25 mai 2025

Partager sur :

Garder !

Père Olivier Praud

Dans le tourbillon médiatique quotidien, il est bien difficile de garder une parole plus qu’une autre, de sélectionner celle qui peut faire vivre au jour le jour. Le débat politique semble même galvauder toute parole, toute confiance dans les propos des uns ou des autres et dans de leur capacité à tenir un programme ou une promesse. Alors, qu’est-ce que « garder » ?

Tout au long du temps pascal, le Ressuscité n’a pas cessé de parler à ses disciples et de leur annoncer tout à la fois qu’il part et qu’il revient (cf. Jn 14, 3). Comme si, sa parole devenait une mémoire vive capable dans le même mouvement de garder le mystère de sa vie donnée et de la transmettre comme vie à vivre. Cette parole n’enferme pas celui qui l’écoute dans une nostalgie stérile, mais en la lisant et en la partageant, en la proclamant et en la méditant, elle suscite en chacun une mémoire qui est celle des merveilles que Dieu accomplit. Cette parole apprend à celui qui la reçoit à discerner la présence de Dieu, là où il se tient dans son quotidien, tout en lui adressant une action de grâce.

Dès lors, « garder » la Parole, ce n’est pas la conserver comme une relique ou seulement la respecter comme une loi. Au minimum, en faisant ce qu’il faut pour s’y conformer, ce serait anéantir sa capacité à transformer ce qu’elle touche et ce qu’elle illumine. Parce que cette parole contient non seulement un message, mais elle est aussi une action. « Elle est vivante », comme dit saint Paul, et elle agit pour créer l’espace nécessaire où Dieu peut venir demeurer. Ainsi, garder veut dire se laisser habiter et transformer par elle, accepter que cette parole soit la mesure de nos jours, de nos actes, et dévoile ce qui habite notre cœur (cf. He 4, 12-13 ; 1 Th 2, 13).

C’est en quelque sorte une parole qui ouvre elle-même en chacun un chemin pour la garder. Dans la communauté apostolique, le débat fut rude pour ouvrir le chemin du salut au-delà de ceux qui étaient les dépositaires de la parole de la première Alliance. Si quelques critères sont donnés, ils sont réduits au strict minimum comme pour mieux indiquer que le plus important n’est pas de savoir si je suis en règle avec cette parole, mais si, conforme ou non, je me laisse atteindre, transformer, éclairer et dynamiser par cette parole qui est la mémoire vive des actes de salut accomplis par Jésus.

Paix et joie

Mesurer l’effet de cette parole semble alors difficile. Pourtant, Jésus l’indique dans les mots qu’il adresse à ses compagnons : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. » Le signe de son action en nous, c’est la paix et la joie. La paix qui résulte de l’ajustement patient pour accorder nos actes et nos mots à la parole ultime que Jésus prononce par sa croix. La joie qui illumine le cœur de celui qui laisse cette parole devenir le refrain de sa vie quotidienne à l’enseigne de Pâques. Là est l’œuvre de l’Esprit Saint. n

Découvrez après les lectures de la messe notre suggestion de prière universelle. Ces intentions sont à adapter en fonction de l’actualité et de l’assemblée qui célèbre.

Bonne fête ! Sophie, Sonia, Flavien, Nadège

Retrouvez la Petite chronique biblique de Marie-Noëlle Thabut, ainsi qu’un programme inédit de chants pour la messe dominicale sur www.magnificat.fr/celebrer

Partager sur :

Le Christ à la mer de Galilée, Circle of Jacopo Tintoretto (Probably Lambert Sustris), Anonymous Artist - Venetian, 1518 or 1519 - 1594. © National Gallery of Art, New-York