Intérieur et extérieur

Le 2 mars 2025

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dimanche 2 mars

8e dimanche du temps ordinaire

Paraboles de la paille et la poutre, et des aveugles, d’après Maerten de Vos (1532-1603), Amsterdam, Rijksmuseum.

Intérieur et extérieur

Père Olivier Praud

Parfois, la messe est présentée comme un théâtre divin où chacun doit tenir son rôle. Pourtant, loin de Pelléas et Mélisande donné actuellement à l’opéra Bastille où les protagonistes découvrent l’impossibilité de leur amour à la fontaine des aveugles, la liturgie ne nous demande pas de jouer un personnage. Dans une subtile économie de gestes et de paroles, elle offre à chacun un itinéraire pour se tenir devant Dieu en vérité et devenir soi-même. C’est ce dynamisme qui habite les paraboles de l’Évangile de Luc. Au premier abord, elles semblent évidentes : des aveugles, une paille et une poutre, bon arbre et bon fruit… Pourtant, leur simplicité révèle une profonde richesse pour toute vie chrétienne.

Tout d’abord, ces paraboles interrogent l’énergie folle que nous dépensons à jouer un personnage pour correspondre à l’image idéale que nous nous faisons du chrétien et que nous pensons que les autres attendent. Or, Jésus veut libérer les hommes d’un tel conflit. En le regardant, lui, il est possible de découvrir l’homme véritable selon le cœur de Dieu. Jésus est l’homme que chacun est appelé à devenir parce qu’il est obéissant au Père, non pas à plus puissant que soi, mais parce qu’il est totalement à l’écoute du Père.

Ensuite, en invitant à l’attention mutuelle et au regard bienveillant, il dessine la nature du jugement divin. Juger de manière évangélique dépasse l’application rigide de consignes ou de règles morales, pour entrer dans la puissance du discernement spirituel. C’est accepter de ne plus avoir entièrement prise sur nous-mêmes, et surtout sur les autres. C’est donc reconnaître la poutre qui nous aveugle et demander à Jésus de nous rendre la vue, afin de regarder notre vie et celle des autres avec son regard à lui.

Enfin, seul le Christ peut prononcer ces paroles en vérité. Sa croix est l’unique arbre qui porte le fruit de la connaissance de ce qui est juste et bon. Il ne joue pas un personnage puisqu’il se manifeste dans sa mort et sa résurrection comme le Fils bien-aimé du Père. En le contemplant, il est alors possible de trouver la juste place, qui n’est pas celle d’un rôle à jouer, mais celle du disciple. Pouvoir se tenir devant Dieu en vérité ne peut se réaliser qu’en acceptant de se tenir devant les autres tel que l’on est avec la poutre ou la paille qui obscurcit notre regard, avec les épines ou les ronces qui demeurent stériles.

Vieillissant, il fructifie encore

Le psalmiste chante le temps nécessaire pour atteindre une telle maturité. Il invite à la patience pour qu’intériorité et extériorité se conjuguent. Un tel dialogue, à la fois spirituel et comportemental, ne peut s’accomplir qu’avec le polissage de la vie quotidienne, fait de ses joies et de ses épreuves. Alors, chacun pourra « grandir dans la maison de notre Dieu » ! n

Découvrez après les lectures de la messe notre suggestion de prière universelle. Ces intentions sont à adapter en fonction de l’actualité et de l’assemblée qui célèbre.

Bonne fête ! Charles (Le Bon), Charline, Charlène, Karl, Chad

Retrouvez un programme inédit de chants pour la messe dominicale sur www.magnificat.fr/celebrer

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Le Christ à la mer de Galilée, Circle of Jacopo Tintoretto (Probably Lambert Sustris), Anonymous Artist - Venetian, 1518 or 1519 - 1594. © National Gallery of Art, New-York