Magnificat

La délicatesse de Dieu

Le 8 septembre 2024

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dimanche 8 septembre

23e dimanche du temps ordinaire

La Miséricorde veut que nous soyons
miséricordieux, la Justice, que nous soyons
justes, afin que le Créateur soit manifesté
dans sa créature.

Le Christ guérit un sourd,
Léonard Gaultier (1561-1641),
Washington D.C., NGA.

La délicatesse de Dieu

Père Sylvain Brison

L’Évangile de ce dimanche nous relate un nouveau miracle de Jésus. Nous pourrions l’aborder quelque peu blasés : « Encore un miracle, ils se ressemblent tous ! » Il est vrai que dans les récits de guérison, Jésus fait toujours la même chose : il remet l’homme debout dans sa dignité et témoigne de l’amour de Dieu. Aujourd’hui encore, c’est le sens direct de l’Évangile. Mais si saint Marc prend la peine de nous raconter avec soin la guérison de cet homme, c’est qu’il y a plus à percevoir.

La puissance salvatrice de l’Incarnation

Ici, Jésus opère le miracle non par la parole, mais par des gestes, en particulier par le toucher : les doigts dans les oreilles et sa salive sur la langue. C’est avec son corps qu’il entre en relation intime avec le sourd-muet. L’incarnation de Dieu est le lieu de notre relèvement et de notre salut. Nous voyons ici à l’œuvre une épiphanie de ce mystère de la foi. Pour reprendre une formule de saint Bernard : « Jésus agit dans la chair et par la chair, non selon la chair, mais selon l’Esprit. » Jésus ici ne parle pas, il soupire. Littéralement, en grec, il gémit. Étrange réaction ! Il s’agit en réalité du même verbe que Paul emploie dans le chapitre 8 de la lettre aux Romains pour évoquer à la fois les gémissements de l’homme et de la création qui aspirent au salut (cf. v. 23.22), mais surtout l’Esprit Saint qui gémit dans nos cœurs pour nous mettre en relation avec le Père (cf. v. 26). Dans ce soupir de Jésus, c’est toute l’espérance et le désir de l’homme qui rencontrent, en son humanité, la force, la compassion, la miséricorde et l’amour de Dieu.

La douceur de l’attention de Dieu

Ce gémissement qui sauve l’homme et le relève témoigne en même temps de l’infinie délicatesse de Dieu. Si nous sommes attentifs aux nombreux détails fournis par l’évangéliste, nous constatons que Jésus commence par mettre ce sourd-muet à l’écart. Or, cet acte est d’une grande délicatesse pour cet homme. En effet, quels devaient être son effroi et sa panique quand la foule s’est saisie de lui pour le conduire devant un homme inconnu au milieu de toute une agitation, privé de l’audition et de la parole qui auraient pu lui expliquer pour le rassurer. En le prenant à part, Jésus veut le rassurer et le réconforter. Il entre en relation personnelle avec lui, non par une parole qu’il ne saurait entendre, mais par des gestes qui devinent un vrai langage, cette délicatesse du Christ est le vrai témoignage de la tendresse de Dieu pour chacun.

De la délicatesse dans nos relations

Dans notre monde marqué par les guerres, la violence, la rigueur du travail et les catastrophes des changements climatiques, nous pouvons tous nous replier sur nous-mêmes. Même dans la fraternité de nos communautés ou de nos familles, nous pouvons agir avec rudesse et grossièreté, bien involontairement, renfermés dans nos préoccupations. C’est ici que la délicatesse de Dieu dont témoigne cet Évangile vient à notre secours pour nous permettre, à notre tour, de témoigner de la tendresse de Dieu. n

Retrouvez après les lectures de la messe notre suggestion de prière universelle. Ces intentions sont à adapter en fonction de l’actualité et de l’assemblée qui célèbre.

Bonne fête ! Adrien, Adrian, Adrienne, Adriette,Séraphine, Isaac, Frédéric (Ozanam)

Retrouvez un programme inédit de chants pour la messe dominicale sur www.magnificat.fr/celebrer

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Le Christ à la mer de Galilée, Circle of Jacopo Tintoretto (Probably Lambert Sustris), Anonymous Artist - Venetian, 1518 or 1519 - 1594. © National Gallery of Art, New-York