dimanche 24 août
21e dimanche du temps ordinaire
Consécration d’une église,
gravure, xixe s.
Le combat et le banquet
Père Philippe Lefebvre, o.p.
Nous sommes, depuis quelques semaines, dans une partie de l’Évangile de Luc que l’on intitule souvent : « la montée vers Jérusalem ». Jésus a en effet « durci son visage pour aller à Jérusalem » (Lc 9, 51). Cette expression à fleur d’incarnation reprend des formules du même genre dans l’Ancien Testament ; elle souligne que cette résolution est arrêtée et que rien ne peut détourner Jésus de son but ; il n’a pas la tête ailleurs. C’est dire que tout ce qui arrive en chemin est orienté vers l’achèvement : l’arrivée dans la Ville sainte jusqu’à la Passion et la résurrection. Tout participe déjà de ces moments à venir.
L’agonie avant l’Agonie
La question générale posée à Jésus par un quidam (« peu de gens vont-ils être sauvés ? ») suscite immédiatement une réponse en « vous » : « Efforcez-vous d’entrer… ». Comme si Jésus suggérait qu’il n’y a pas de problèmes généraux, mais des questions qui « vous », qui « nous » concernent au premier chef. Ce qui est traduit mollement par « efforcez-vous » est, en grec, un verbe vigoureux et décisif : agonizeïn, qui signifie « lutter, combattre » ; ce verbe s’impose d’autant plus à notre attention qu’il est rare dans les Évangiles : il n’y apparaît que deux fois (ici et en Jn 18, 36). Dans notre Évangile de Luc, ce verbe agonizeïn annonce le nom de la même famille : agonia, qui désignera l’agonie de Jésus à Gethsémani (cf. Lc 22, 44) ; (c’est la seule occurrence de ce mot dans le Nouveau Testament). Agonia désigne, en grec, un combat. Lors de sa Passion, Jésus lutte de toutes ses forces et demeure dans la volonté du Père (cf. Lc 22, 42). Ainsi, pour revenir à notre texte du jour, à la question du salut qui lui est posée, Jésus répond par un mot – agonizeïn « se mettre au combat » – qui sera au cœur du grand combat qu’il mènera bientôt lors de sa Passion. C’est comme s’il disait à celui qui lui pose la question : si tu veux savoir ce qu’il en est du salut des humains, mets-toi au combat avec moi contre tout ce qui porte atteinte à la vie reçue du Père.
Banquet déroutant
L’enseignement de Jésus ne procède donc pas par étapes successives en commençant par des propositions qui seraient faciles à mettre en œuvre. Tout ce qu’il dit nous dirige d’emblée vers l’accomplissement : la montée à Jérusalem, la Passion, la résurrection avec lui. Cela se confirme dans la suite de notre Évangile. Le combat – l’agonie – nous fait entrer dans la salle du banquet. En revanche, certains n’ont pas voulu combattre en pensant que le banquet leur était dû ; n’ont-ils pas croisé Jésus dans leurs périmètres habituels ? N’appartiennent-ils pas à la confrérie des croyants et cette seule appartenance ne leur donne-t-elle pas des droits ? Non, dit Jésus. En revanche, bien des gens hors cadre seront reçus à bras ouverts au banquet du Maître de maison. n
Découvrez après les lectures de la messe notre suggestion de prière universelle. Ces intentions sont à adapter en fonction de l’actualité et de l’assemblée qui célèbre.
Bonne fête ! Barthélemy, Nathanaël, Naël, Nathaël, Nathan, Émilie (de Vialar), Marie-Michelle