Le jeu éphémère de la gloire

Le 28 juillet 2024

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dimanche 28 juillet

17e dimanche du temps ordinaire

Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées

Ne rendons pas l’injure pour l’injure mais bénissons ceux qui nous veulent du mal.

La Multiplication des pains et des poissons,
Maerten de Vos (1532-1603), Amsterdam, Rijksmuseum.

Le jeu éphémère de la gloire

Père Alain Faucher

Dans les sociétés de pénurie d’autrefois, l’abondance avait valeur de bénédiction divine. Quiconque exerçait un certain pouvoir sur la gestion de l’abondance méritait considération et respect. L’histoire du sage Joseph, au livre de la Genèse, le démontre. La prévision des années de vaches maigres confère à Joseph un pouvoir inédit sur l’Égypte entière. Pharaon est impressionné au point de conférer à un étranger la gérance du pays (cf. Gn 40-41).

Déjouer les attentes

En multipliant la ressource pain, Jésus acquiert vite un ascendant sur la population paysanne de son pays. Du pain gratuit, disponible sans effort ? Du poisson à volonté ? Voilà quelque chose de bien pratique. Cette répartition différente des ressources alimentaires fait de Jésus un candidat parfait pour gérer les bienfaits impériaux.

Jésus refuse d’être désigné roi sur la base de ce signe éclatant. Il ne se voit pas comme un distributeur de bienfaits matériels. Jésus fuit la notoriété passagère du coup d’éclat. Il garde ses distances par rapport à la royauté locale. Il ne joue pas le jeu. Comme il refusera de jouer cette carte devant Pilate. Au prix de sa vie ! Le récit de la Passion montre à quel point cette prise de position ferme ne suffira pas pour chasser l’ambiguïté.

Au terme de la destruction apparente de sa personne, Jésus émergera comme un « plus que roi » : il sera seul Seigneur, source d’unité et de paix. La distribution des largesses divines se poursuivra dans le cadre d’un seul baptême et d’une seule espérance, comme l’affirme clairement la deuxième lecture de ce dimanche.

Les rois d’un soir

Aujourd’hui, l’actualité dans l’Église et dans le monde déploie de percutantes applications du message biblique. Ainsi, notre Église vit une année de réflexion entre deux rencontres au sommet du synode des évêques. Le grand « synode sur la synodalité (ou avenir de l’Église) » pourrait aboutir à la création de nouveaux mécanismes internes pour s’assurer que chaque personne baptisée trouve place dans le fonctionnement de l’Église. Autrement dit, tout le monde aurait droit de cité parce que tous ont accès au même pain. Dans ce contexte, la proclamation de l’Évangile de ce dimanche décrit plus qu’un signe éphémère. C’est l’annonce d’un état permanent et bienfaisant, une véritable « révolution climatique » !

Cela contraste avec nos préoccupations sportives des Jeux olympiques qui viennent de s’ouvrir à Paris. Depuis vendredi, nous vivons l’éphémère dans ce qu’il a de plus excitant. Parmi les personnes en compétition, quelques-unes se verront reconnues au niveau mondial… pendant quelques jours. Puis la notoriété s’érodera peu à peu, et les rois et les reines du jour retourneront vers l’anonymat. Devant ces heureuses royautés éphémères, la sage notoriété de Jésus saura durer au fil des jours ordinaires. n

Retrouvez notre suggestion de prière universelle pour la messe page 338. Ces intentions sont à adapter en fonction de l’actualité et de l’assemblée qui célèbre.

Bonne fête ! Samson, Melchior

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Le Christ à la mer de Galilée, Circle of Jacopo Tintoretto (Probably Lambert Sustris), Anonymous Artist - Venetian, 1518 or 1519 - 1594. © National Gallery of Art, New-York