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Le péché n’a plus le dernier mot

dimanche 6 avril

5e dimanche du Carême

Journée du CCFD (en France)

Le Christ et la femme adultère,
Allemagne, xvie s., Amsterdam, Rijksmuseum.

Le péché n’a plus le dernier mot

Père Alain Faucher

Ce matin-là, dès les aurores, Jésus enseignait au Temple. Son programme est bousculé par un groupe de scribes et de pharisiens. Des croyants profondément engagés dans le respect de la Torah. On traîne devant lui une femme de conduite honteuse. On réclame l’expertise de Jésus. C’est un piège. Ou il dénature la Torah par son laxisme, ou il reste confiné dans des frontières rigides. Jésus se prononce comme si de rien n’était, comme on écrit sur le sable… On peut voir dans son geste un écho du prophète Jérémie (17, 13) : Seigneur, espoir d’Israël, tous ceux qui t’abandonnent seront couverts de honte ; ils seront inscrits dans la terre, ceux qui se détournent de toi, car ils ont abandonné le Seigneur, la source d’eau vive. Cet écho du prophète coïncide avec un des sujets d’enseignement favoris de Jésus : l’eau vivante, l’eau abondante, signe de l’Esprit…

Finalement, les accusateurs de la dame se retirent en catimini, insatisfaits et gênés devant ce non-lieu. Ne reste que l’accusée avec Jésus. Jésus constate le péché. Il réintègre la dame en voie d’exclusion. Il reconstruit une vie qui était sur le point de s’effondrer. Une interaction discrète, sans témoin. Mais ce récit est transposable. Car innombrables sont les situations en apparence bloquées, qui pourraient bénéficier de ce regard généreux, propre à Jésus. Son regard bienveillant et chargé d’espérance nous fait participer au salut de l’univers. Un salut qui reste enrobé d’une discrétion remarquable.

Alors, voici un beau dimanche de Carême pour nous demander : dans quel recoin de ma vie s’enracinent les interventions de Jésus ? Où, quand, pour quoi s’est-il manifesté comme un intervenant libérateur, comme un enseignant brillant de la miséricorde divine ? Dans notre entourage, en faveur de qui a-t-il retourné une situation ? Réinventé la manière de lire les événements ? Recréé du potentiel positif dans une situation en apparence bloquée ?

Une telle intervention de Jésus est une bénédiction sur les routes de notre foi. Je n’hésite plus à qualifier de petits miracles ces moments bouleversants où notre attention pour les faits et dires de Jésus s’entrechoque avec des situations déprimantes, bloquées, anxiogènes… Des situations où la joie renaît, où l’horizon s’élargit soudain…

Pèlerins d’espérance

Nous avons besoin de nous raconter la rencontre de Jésus avec la femme accusée. Même si nous n’avons rien à nous reprocher, nous pouvons tirer profit de l’élan que Jésus insuffle dans une vie humaine avec ses propos qui donnent espoir. Cela fait partie de la bonne nouvelle du Carême que nous proposons au monde d’aujourd’hui, un monde en quête de réconfort et d’espérance. n

Découvrez après les lectures de la messe notre suggestion de prière universelle. Ces intentions sont à adapter en fonction de l’actualité et de l’assemblée qui célèbre.