dimanche 6 octobre
27e dimanche du temps ordinaire
Gardons le silence avec discernement afin de parler de façon utile, sans craindre de dire ce qui est bien.
Le Christ bénit les enfants,
Rudof Stang (1841-1927), Amsterdam, Rijksmuseum.
Les femmes et les enfants d’abord
Père Philippe Lefebvre, o.p.
Coup sur coup, deux catégories de personnes sont écartées par des hommes sûrs de leur fait : d’abord les femmes, et puis les enfants que les disciples cherchent à repousser. Restons entre hommes ! Quand les pharisiens répondent à Jésus que Moïse a permis de renvoyer une épouse, ils vont un peu vite en besogne – la Loi est plus complexe que ce qu’ils disent (voir le début de Dt 24). De plus, ils manifestent résolument que leur idée fixe est le renvoi des femmes ; leur question porte non pas sur la rencontre, mais sur la séparation : drôle de mentalité !
Jésus accorde que Moïse autrefois, à certaines conditions, a permis la répudiation des épouses ; mais il explique cela par la « dureté de cœur » de certains hommes. Le terme grec employé est sklèrokardia, la « sclérose du cœur ». Ce mot a été inauguré dans la Septante, la traduction grecque de l’Ancien Testament commencée au iiie siècle avant notre ère : Vous circoncirez la dureté [la sclérose] de votre cœur (Dt 10, 16). Dans ce passage, il s’agit justement de retrancher cette dureté intérieure, de devenir bon pour les plus faibles : les enfants orphelins, les femmes veuves, les émigrés ; et il s’agit d’abord d’aimer Dieu et de faire corps avec lui (de « se coller à lui », dit exactement le texte de Dt 10, 20).
Si donc les pharisiens invoquent la loi de Moïse pour renvoyer leur femme, Jésus les prend au mot : le renvoi des femmes est une concession faite à la dureté de cœur de certains hommes. Mais la loi première de Dieu est d’aimer Dieu, d’aimer son prochain, et d’abord les prochains en situation de faiblesse : enfants, femmes laissées seules, étrangers domiciliés.
Dans le sillage de la question des pharisiens vient l’attitude des disciples vis-à-vis des enfants. Ils les écartent sans douceur. Or, si l’on se reporte encore au Deutéronome, les enfants que Dieu accorde sont désignés comme « les fruits des entrailles » : Béni ser[a] le fruit de tes entailles… (Dt 28, 4 et ailleurs). C’est l’expression que l’on retrouve dans la bouche d’Élisabeth pour saluer Marie, dans l’Évangile de Luc (cf. Lc 1, 42). Dur traitement infligé ici à ces bénis !
Femmes et enfants renvoient donc tout spécialement à Dieu et à l’attachement qu’il demande envers eux et envers lui. Rejeter une épouse, repousser des enfants révèle donc quelque chose de la relation – ou du manque de relation vraie – que les hommes ont avec Dieu…
« Masculinisation » ?
Le pape François a plusieurs fois évoqué une Église qui a été trop « masculinisée », selon son terme. Même si certains changements ont eu lieu – le pape Jean-Paul II avait promu la réflexion sur la place et la vocation des femmes –, il reste sans doute à faire. Penser autrement, profondément, les relations entre hommes et femmes à la lumière de la parole de Dieu est un chantier qui nous attend toutes et tous. n
Retrouvez après les lectures de la messe notre suggestion de prière universelle. Ces intentions sont à adapter en fonction de l’actualité et de l’assemblée qui célèbre.
Bonne fête ! Bruno, Brune, Fiona, Marie-Françoise, Arthaud, François (Phan Van Trung)
Retrouvez un programme inédit de chants pour la messe dominicale sur www.magnificat.fr/celebrer