dimanche 4 mai
3e dimanche de Pâques
La pêche miraculeuse après la Résurrection,
1629, Amsterdam, Rijksmuseum.
« M’aimes-tu ? »
Père Olivier Praud
La question posée par Jésus à Pierre est abyssale. Si elle m’était adressée de la même manière, oserais-je répondre avec une détermination semblable à celle du premier des Apôtres ? Ses réponses ne viennent-elles pas en écho à son triple reniement dans la nuit de la Passion ? Cependant, au cœur de cette question se manifeste le désir de Jésus qui a jailli sur la croix et illuminé l’horizon du matin de Pâques. Voilà pourquoi, dans ce dialogue étonnant se joue la rencontre du désir de Dieu et de celui de l’homme. Le Ressuscité brûle du désir divin que Paul a dévoilé à Timothée : [Dieu] veut que tous les hommes soient sauvés (1 Tm 2, 4) ! L’attente du Père détermine la mission du Fils qu’il ne cesse de déployer dans la puissance de l’Esprit Saint. Elle est de l’ordre d’une soif inextinguible. Si Dieu a créé les hommes par amour, c’est dans cet amour qu’il les espère, les attend et les appelle à revenir à lui. Tout dans la rencontre au bord du lac entre Jésus et les disciples vibre de cette attente.
Toutefois, dans les mots de Pierre apparaît la fragilité du désir humain. Parfois versatile ou égoïste, ce dernier veut être à la hauteur de l’amour divin. Tout au long de l’échange se joue alors un ultime renversement. Là où le Christ propose un amour en plénitude, la réponse humaine demeure en retrait, toujours diminuée par la logique du donnant-donnant et celle du mérite. Aussi, une fois encore, le Ressuscité assume de s’abaisser pour transfigurer l’amour humain de l’intérieur et le rendre capable de se déployer en plénitude comme agapè, comme don et charité. Ainsi peut surgir une authentique confession de foi : « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. » Dès lors, aimer Dieu ne relève pas du calcul, d’une récompense à un effort moral, mais de l’action de l’Esprit Saint en chacun. Il donne une forme chrétienne au désir humain afin qu’il prenne les dimensions de celui de Dieu, la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur […] [de] l’amour du Christ (Ep 3, 18-19).
Une présence de tous les jours
Finalement, la rencontre entre le Christ et ses disciples advient dans un quotidien rendu à son ordinaire, où peut ainsi surgir une nouvelle familiarité. Elle n’est plus celle des découvertes ou des élans prophétiques. Elle n’est pas celle d’une relation nostalgique, mais celle de la conversion des gestes et des paroles habituelles qui dévoilent la présence du Ressuscité dans toute existence humaine. Qu’apportons-nous que le Seigneur ne nous ait déjà donné ? Comme au bord du lac, en lui remettant la totalité de notre vie, nous deviendrons alors les témoins du désir salutaire de Dieu pour ce monde. n
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