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Ouvrir les yeux

dimanche 27 octobre

30e dimanche du temps ordinaire

Avec douceur et bonté, le Père répand
ses grâces sur ceux qui s’approchent de lui
avec un cœur simple.

Guérison de l’aveugle,
bois gravé, xve s.

Ouvrir les yeux

Père Philippe Lefebvre, o.p.

Comme très souvent dans la Bible, les lieux sont essentiels. Jésus sort de Jéricho et va monter ensuite jusqu’à Jérusalem pour y vivre la dernière étape de son parcours terrestre. Auparavant, il avait traversé le Jourdain et il était passé, vers l’est, dans ce qui est aujourd’hui la Jordanie (cf. Mc 10, 1). On comprend ensuite qu’il a fait la traversée en sens inverse, quelque temps plus tard, et qu’il se trouve à nouveau à l’ouest du Jourdain, non loin de ce fleuve. Notre texte nous le montre à Jéricho.

Ces allées et venues rappellent le fameux passage du Jourdain, au début du livre de Josué, que le peuple d’Israël entreprit jadis et son arrivée aux abords de Jéricho. Ce rappel est d’autant plus probant que cette traversée se fit sous la direction de Josué, autrement dit « Jésus ». Le nom hébreu Yehoshu‘a, que nous adaptons en « Josué », s’écrit en grec Ièsous, que nous avons transcrit sous la forme « Jésus ». Le Jésus de notre Évangile marche avec une foule nombreuse, autre expression du livre de Josué pour évoquer le peuple d’Israël en marche sous la direction de son guide. On sait que l’entrée en Terre promise, marquée par l’écroulement du rempart de Jéricho (cf. Jos 6), conduira ce peuple, après bien des vicissitudes, jusqu’à la prise de Jérusalem par David (cf. 2 S 5). Durant sa vie, David lui-même doit fuir Israël, se réfugier au-delà du Jourdain ; puis il revient, passe le Jourdain (cf. 2 S 19) et regagne Jérusalem.

Pourquoi évoquer tout cela ? Pour montrer que Jésus marche sur les pas de son peuple et qu’il refait aussi les chemins du messie David, jusqu’à Jérusalem où il parviendra bientôt. La rencontre aujourd’hui de Jésus et de l’aveugle rappelle aussi les rencontres que fit David sur son chemin de retour, quand il regagnait sa capitale.

Ici, un aveugle va voir enfin ! Le verbe que l’on traduit par « retrouver la vue » signifie d’abord « lever les yeux ». C’est un verbe bien connu dans l’Ancien Testament pour évoquer le fait de voir comme Dieu voit, de voir ce qui est vraiment à contempler et qui vient de Dieu. Notre aveugle qui veut « vraiment voir » ou « voir le vrai », nous précède, il nous accompagne. Il est sur la route qu’empruntèrent Josué avec le peuple d’Israël et aussi David. Or, voici que cet homme bondit dans le temps et voit enfin celui que Josué-Jésus annonçait, celui que le messie David préfigurait. Cet aveugle est notre frère : il lève enfin les yeux, et nous invite à faire de même, pour voir – voir vraiment – Celui qui vient et toute la foule qu’il suscite, parmi laquelle nous avons notre place.

Patrimoine

On parle souvent aujourd’hui de patrimoine national ou régional. Le patrimoine n’est en rien un reste mort qu’il faudrait maintenir à toute force. C’est au contraire une réalité vivante, faite de chemins, de paysages, de lieux avec leurs noms et tous les échos multiples qu’ils portent et font résonner. Le patrimoine montre beaucoup à ceux qui savent « lever les yeux ». n

Retrouvez après les lectures de la messe notre suggestion de prière universelle. Ces intentions sont à adapter en fonction de l’actualité et de l’assemblée qui célèbre.