Pain pour la route, pain pour la vie

Le 11 août 2024

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dimanche 11 août

19e dimanche du temps ordinaire

Que notre joie soit parfaite, nourrie de l’amour miséricordieux qui s’étend aux multitudes.

Le Christ prêchant,
Bernardino Passeri (1530-1590, d’après),
Amsterdam, Rijksmuseum.

Pain pour la route, pain pour la vie

Christelle Javary

Les magasins de sport rêveraient sans doute de proposer à leur clientèle de randonneurs l’encas extraordinairement énergisant qui permit au prophète Élie de marcher quarante jours et quarante nuits… Retenons que la miséricorde de Dieu ne demande rien qui soit au-dessus de nos forces et vient, si nécessaire, les compléter. Le découragement qui accable le fugitif va au-delà de la fatigue physique. Reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères ; bouleversant aveu de la part de l’intransigeant pourfendeur de l’idolâtrie, qui vient d’égorger des centaines de prophètes de Baal ! À ce déchaînement de violence, Dieu répond par la douceur et prend soin de son serviteur. Élie est désormais capable de pèleriner jusqu’à l’Horeb, où son Seigneur se révélera à lui non dans le feu ni l’ouragan, mais dans le murmure d’une brise légère.

Convertir notre image de Dieu

« Il n’est pas le Dieu de la performance, mais le Dieu de l’incarnation. Il ne renverse pas les injustices d’en haut par la force, mais d’en bas par l’amour ; il ne se déploie pas avec un pouvoir illimité, mais s’immerge dans nos limites ; il n’évite pas nos fragilités, mais les assume. » Le pape François a prononcé ces mots à la messe de la nuit en décembre 2023. Il était entré dans la basilique Saint-Pierre en fauteuil roulant, assumant ainsi, avec simplicité et humilité, un signe de faiblesse physique qui contraste avec l’image de puissance généralement associée au souverain pontife. Comme l’a noté le pape, nous pouvons tous avoir en tête « une idée païenne de Dieu » – ce qui nous rapproche des prophètes de Baal – « comme s’il était un maître puissant dans le ciel, un dieu lié au pouvoir, au succès mondain et à l’idolâtrie du consumérisme ». De ce Dieu caricaturé, nous attendons qu’il résolve nos problèmes d’un coup de « baguette magique ». Or, insiste le pape, « il ne nous sauve pas en appuyant sur un bouton, mais il se fait proche pour changer la réalité de l’intérieur ».

Pas facile d’entrer dans cette manière de voir, si contraire au fonctionnement du monde. C’est pourquoi Jésus, dans l’Évangile de ce jour, ne cherche pas vraiment à convaincre ses interlocuteurs, puisque, dit-il, « personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire ». Croire au Fils est le fruit non pas d’un raisonnement, mais de la disponibilité à un appel qui résonne au plus profond du cœur. Le pain de vie fait vivre d’une vie plus forte que la mort car il est communion au corps du Christ, ressuscité par la puissance du Père. N’envions plus Élie, mystérieusement restauré au désert, car ce que nous recevons à l’autel vient opérer en nous des merveilles plus grandes encore. Goûtez et voyez : le Seigneur est bon ! n

Retrouvez après les lectures de la messe notre suggestion de prière universelle. Ces intentions sont à adapter en fonction de l’actualité et de l’assemblée qui célèbre.

Bonne fête ! Claire, Clairette, Clara, Clarisse, Suzanne, Susie, Suzeline, Suzette, Suzon

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Le Christ à la mer de Galilée, Circle of Jacopo Tintoretto (Probably Lambert Sustris), Anonymous Artist - Venetian, 1518 or 1519 - 1594. © National Gallery of Art, New-York