u Fêté le 11 juillet u
Illustration : © Alban de Châteauvieux
La Ville éternelle, où ses parents l’ont envoyé étudier, déplaît fort à Benoît (v. 480-547), natif de la région de Nursie. Le jeune homme, qui ne veut plaire qu’à Dieu seul, qui cherche avant tout son royaume, est écœuré par la vie facile et dissolue que mènent nombre de ses camarades. Il faut dire qu’en ce début du vie siècle, les mœurs sont devenues terriblement décadentes dans l’Empire romain réduit en cendres. N’y tenant plus, Benoît fuit donc Rome, avant même la fin de ses études, pour se faire moine puis ermite à Subiaco. Là, il trouve refuge dans une grotte où il va vivre seul avec le Seul pendant trois ans. Période de maturation intérieure durant laquelle le solitaire s’exerce au combat spirituel jusqu’à acquérir la paix de l’âme. Alors seulement se sent-il prêt à donner ce qu’il a reçu – une parole de vie.
Aussi, en l’an 529, Benoît décide de se retirer au mont Cassin avec quelques disciples qui, attirés par son exemple, s’étaient rapprochés de lui. C’est là, vers 540, qu’il se met à écrire la « Règle » pour encadrer la vie des moines. Une vie en communauté fraternelle entièrement placée sous le regard de Dieu, dans le travail comme dans la prière, dans l’action comme dans la contemplation, « afin que Dieu soit glorifié en tout ». Ce faisant, et sans le savoir, il jette la semence d’une nouvelle civilisation et de la culture européenne – en 1964, le pape Paul VI proclamera le fondateur du monachisme occidental saint patron de l’Europe.
Comment se fait-il que cette règle vieille de près de 1 500 ans continue de rayonner à travers le monde, au-delà même de la clôture monastique ? Le secret de son universalisme tient sans doute au fait qu’elle est un « précis de l’Évangile », selon l’expression de Bossuet. Elle est une « école du service du Seigneur », écrit Benoît dans son prologue. En soixante-treize petits chapitres, le saint nous indique en effet une route bien courte et très concrète, celle tracée par Jésus lui-même, pour « ne rien préférer à l’amour de Dieu », pour faire de la recherche continuelle de Dieu le but unique de l’existence. Or, c’est dans ce quaerere Deum que consiste la sainteté à laquelle tout chrétien est appelé. Saint Augustin priait ainsi : « Fais-moi la grâce de te trouver, Seigneur, et, t’ayant trouvé, de continuer à te chercher encore. »
La règle bénédictine « offre des indications utiles non seulement aux moines, mais également à tous ceux qui cherchent un guide sur leur chemin vers Dieu. En raison de sa mesure, de son humanité et de son sobre discernement entre ce qui est essentiel et secondaire dans la vie spirituelle, elle a pu conserver sa force illuminatrice jusqu’à aujourd’hui », disait ainsi le pape émérite Benoît XVI, grand amoureux du fondateur de l’ordre bénédictin au point d’avoir pris son nom. Autrement dit : Quiconque désire remettre Dieu au centre de son cœur et de sa vie, par la prière et par l’action, méditera donc avec profit ce petit guide pratique et spirituel, qui n’a pas pris une ride ! n