Fêté le 8 août
C’est par des larmes abondantes et versées dans la prière que Dominique va entendre l’appel du Seigneur non seulement à prier pour les Barbares, les païens ou les hérétiques, mais aussi à sortir de sa communauté pour aller leur annoncer la bonne nouvelle que Dieu les aime et ne les abandonnera jamais.
Des larmes pour la vérité
En 1203, lors d’un périple inattendu – obéissant à son évêque, il l’accompagne au Danemark pour un voyage diplomatique –, Dominique est bouleversé par les souffrances des gens qu’il croise en chemin. Après des études brillantes, il était entré à 26 ans chez les chanoines réguliers pour y vivre une vie austère et difficile. Son existence alors, c’est la prière, la liturgie, l’étude. Les chanoines l’admiraient pour cette vie presque trop exemplaire.
Mais qui était-il en fait, ce frère brillant ? Né vers 1170 en Espagne, Dominique de Guzmán grandit dans une famille riche. Ses parents lui font étudier la théologie à l’université en vue du sacerdoce. Sérieux, il va connaître une première remise en cause à l’occasion d’une famine qui décime le pays et où il voit des gens mourir de faim sous ses yeux. Bouleversé, il décide de se séparer de ce qui lui tient le plus à cœur. Il vend alors ses livres pour secourir les malheureux. Dominique ne cessera au long de son histoire de pleurer pour ceux qui souffrent : pour les victimes des Barbares sanguinaires alors en actes à l’est de l’Europe, pour les païens qui ne connaissent pas le Christ et vivent dans la peur de la superstition, enfin pour les cathares qui, voulant vivre l’Évangile d’une manière plus radicale, ne se rendent pas compte qu’ils tombent dans le piège des sectes.
Apôtre de la vérité
Devant tant de souffrances et de fausses routes, Dominique pleure. Mais il prie aussi, et la demande qu’il va faire au pape de pouvoir sortir pour aller prêcher la bonne nouvelle sur les routes lui sera accordée comme un fruit de sa prière. Le saint-père lui confie, à lui et à son évêque, la tâche d’aller combattre les hérétiques dans le sud de la France. Le combat de Dominique sera celui de la vérité et de la charité. Au lieu de les brûler tous, il va choisir de les aimer, ces hérétiques, de les écouter et de les aider à chercher le Christ en vérité, en prêchant la flamme de la parole de Dieu. Hélas, sa charité n’empêche pas la folie des massacres perpétrés par les soldats et pour lesquels Dominique pleure encore une fois. Il passe près de dix ans dans la région de Toulouse avec les cathares, ces pauvres qui l’ont tant marqué, qu’il a tant aimés et pour qui il va tout donner. À 45 ans, comme de nombreux frères ont voulu partager sa vie, voilà qu’il devient le fondateur d’une nouvelle façon de vivre l’Évangile ! Il a pour eux le projet d’une communauté de prêcheurs, c’est-à-dire d’hommes au service de la parole de Dieu. Ces prêcheurs pourront vivre joyeusement de cette parole, l’étudier d’abord puis l’annoncer de par le monde, la méditer, la chanter. À 51 ans, il meurt paisiblement, entouré de ses frères, s’effaçant derrière le nouvel ordre religieux qu’il vient de fonder, l’ordre des Prêcheurs. n
À l’écoute de saint Dominique
Tout d’abord, pourquoi êtes-vous réunis sinon pour habiter ensemble dans l’unanimité, ne faisant qu’un cœur et qu’une âme en Dieu. Que pour vous, tout soit en commun. Comme nous en sommes avertis par la Règle, notre première raison d’être rassemblés en communauté, c’est d’habiter ensemble et d’avoir en Dieu une seule âme et un seul cœur. Comme dans l’Église des apôtres, entre nous, la communion est fondée, bâtie et affermie dans le même Esprit : en Lui, nous recevons le Verbe de Dieu le Père, dans une même foi, nous le contemplons d’un même cœur et nous le louons d’une même voix ; en Lui, nous formons un seul corps, nous partageons le même pain ; en Lui, enfin, nous avons tout en commun et sommes destinés à la même évangélisation.
(Journaliste, Marie de Chamvres collabore régulièrement à Magnificat.