Magnificat

Saint Ignace de Loyola (1491-1556)

Par Père Dominique-Marie Dauzet, o.praem

Par Père Dominique-Marie Dauzet, o.praem

Le 1 juillet 2024

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Alban de Châteauvieux

Fêté le 31 juillet

Tous les amis d’Ignace ont imaginé cette scène : en 1553, deux hommes marchent de long en large dans la galerie de la maison professe des Jésuites, à Rome. Pour la première fois de sa vie, Ignace de Loyola – né en 1491, il a alors 62 ans – raconte sa vie à Luis Gonçalvès, son secrétaire. Rentré dans sa cellule, Luis écrit de mémoire ce qu’il vient d’entendre. Jour après jour s’élabore ce Récit extraordinaire, mystique, baroque, picaresque, a-t-on dit. Ignace n’écrit pas, ne relit pas, ne signe pas.

Le Récit commence à l’année de la conversion, 1521, et ne s’intéresse pas à la jeunesse d’Ignace : qu’a-t-il donc fait jusqu’à trente ans ? On ne saura donc pas grand-chose du petit Íñigo, treizième enfant d’une famille noble de la province basque de Guipúzcoa. À peine sait-on qu’il est page – il a 15 ans – à la cour du roi Ferdinand le Catholique, puis au service du vice-roi de Navarre. Ignace apprend l’administration – cela lui servira ! –, il aime l’honneur, l’amour, la guerre. Et justement, c’est la guerre, franco-espagnole, qui brise sa jeunesse, au siège de Pampelune, en 1521 : un boulet de canon fracasse sa jambe droite. Il boitera toute sa vie.

La longue convalescence dans la maison paternelle est favorable à une réflexion profonde. Sa lecture de l’Évangile et des vies de saints l’impressionne tellement qu’il se convertit à une vie donnée désormais au Christ : à Montserrat, en 1522, le soldat de Dieu suspend symboliquement son épée au-dessus de l’autel. Pendant une année, à Manrèse puis à Barcelone, pauvre, priant et pénitent, il soigne les malades. Finalement, il part à Jérusalem, non sans péripéties rocambolesques, rêvant de convertir les musulmans. Dissuadé sur place par les franciscains, il rentre en Espagne.

Pour la plus grande gloire de Dieu

Commencent alors, en 1524, les longues études. Dix ans de latin, de lettres, de philosophie dans les universités d’Alcalá, de Salamanque, enfin de Paris, de 1528 à 1535 : Ignace n’a pas lésiné sur la formation intellectuelle. Il évangélise déjà – au risque de se voir soupçonné d’hérésie par l’Inquisition espagnole, qui se demande quelle mouche a piqué ce laïc ! Mais une fois innocenté sur sa doctrine, Ignace réserve à l’Église une belle surprise. Le groupe d’étudiants rassemblés à Paris par Ignace, uni déjà dans la pratique des fameux « exercices spirituels », prononce à Montmartre, le 15 août 1534, un engagement à œuvrer pour l’Évangile. Les jeunes futurs « jésuites », devenus prêtres, décident alors de fonder à Rome une « compagnie », spécialement fidèle au pape Paul III, lequel approuve officiellement la fondation en 1540. Pendant la dernière quinzaine d’années de sa vie, Ignace vit à Rome, et par un système très élaboré de correspondance, gouverne l’Ordre naissant, veillant de près à son extraordinaire développement. Intransigeant sur l’obéissance, il est aussi un religieux doué pour l’amitié. Lorsqu’il meurt brusquement, le 31 juillet 1556, plus de mille membres de la Compagnie œuvrent déjà dans toute l’Europe et dans les terres de mission lointaine. n

À l’écoute d’Ignace de Loyola

Par le mot d’exercices « spirituels », j’entends toute manière d’examiner sa conscience, et aussi de méditer, de contempler, de prier mentalement et vocalement, et enfin de mener n’importe quelles autres activités spirituelles. Car de même que se promener, faire de la marche et courir sont des exercices corporels, de même aussi on appelle exercices spirituels préparer et disposer l’âme à enlever tous les attachements mal ordonnés et, quand ils sont enlevés, à chercher et trouver la volonté de Dieu concernant l’organisation de sa vie et le salut de son âme. Pour les exercices spirituels, il est très profitable d’y entrer avec un cœur large et une grande générosité envers son Seigneur et son Créateur, lui offrant tout son vouloir.

(Le père Dominique-Marie Dauzet est religieux prémontré de l’abbaye de Mondaye (Calvados). Prêtre, théologien et historien des religions, il est notamment l’auteur de plusieurs vies de saints et d’ouvrages d’histoire de la spiritualité.

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Père Dominique-Marie Dauzet, o.praem

Le Christ à la mer de Galilée, Circle of Jacopo Tintoretto (Probably Lambert Sustris), Anonymous Artist - Venetian, 1518 or 1519 - 1594. © National Gallery of Art, New-York