dimanche 10 mars
4e dimanche du Carême
De même que ceux qui regardaient le serpent de bronze ne mouraient pas, de même ceux qui regardent dans la foi la mort du Christ sont guéris des morsures du péché.
Le Christ et Nicodème,
Pierre Paul Rubens (1577-1640, d’après)
Amsterdam, Rijksmuseum.
Touchés par la lumière du Crucifié
Père Étienne Roche
Le 4e dimanche du Carême nous propose la fin d’un dialogue entre Nicodème et Jésus. Quelques éléments resituant le contexte nous aideront à mieux le saisir. De nuit, Nicodème s’approche de Jésus pour comprendre qui il est et quel est son message. Il est surpris par les propos de Jésus qui souligne la nécessité de « naître d’en haut » (Jn 3, 3.7) ou de « naître de nouveau ». S’agit-il de retourner dans le ventre de sa mère ? s’interroge Nicodème (cf. v. 4). Jésus l’entraîne beaucoup plus loin : « Ce qui est né de la chair est chair ; ce qui est né de l’Esprit est esprit » (v. 6). C’est par l’action de l’Esprit Saint que nous suivons Jésus et cheminons dans la foi, cette nouvelle naissance est à recevoir, c’est un don. Seul le Fils unique, descendu d’auprès du Père, vivant du souffle de l’Esprit Saint, nous enseigne ce chemin. Il a choisi de s’anéantir, de se limiter dans le temps et l’espace, de s’incarner afin de révéler l’amour du Père. Vient alors l’Évangile de ce jour.
Se laisser transformer
Le chemin de la foi n’est pas un long fleuve tranquille. Jésus le situe dans la longue histoire d’alliance entre Dieu et son peuple, en particulier sous l’égide d’un signe paradoxal, le serpent d’airain. Dans le livre des Nombres, le peuple en pleine perte de courage regrette son esclavage en Égypte et se rebelle contre Moïse et contre Dieu. Face à la morsure du cœur par le péché, symbolisée par l’envoi de serpents, le salut passe par le regard vers un serpent « élevé ». Jésus annonce déjà ici que cette nouvelle naissance passera par une exaltation contradictoire, celle de la croix. Tout comme pour le Serviteur souffrant (cf. Is 52, 13), l’amour du Père pour les hommes se traduira par un abaissement jusqu’à une mort ignominieuse du Fils, acceptant de se livrer à tous, avant que n’éclate cette vie nouvelle de la résurrection. Mais, comme tout amour, il se propose sans s’imposer. Le Père ne peut donner plus que l’offrande de son Fils pour chacun de nous. S’ouvrir et se laisser transformer par ce salut est le seul jugement… Serons-nous assez disponibles pour nous laisser toucher par cette lumière qui émane du Crucifié ? La tentation est grande de détourner le regard, de se durcir et de choisir d’obstruer cette lumière par des ombres plus épaisses… Goûtons à la joie de laisser le Christ nous rencontrer dans nos fragilités et d’illuminer nos cœurs !
L’été dernier, au Portugal, une soirée de réconciliation des Journées mondiales de la jeunesse vécue avec mon diocèse a été une des belles expériences de ma vie de prêtre. J’ai été alors le témoin privilégié de nombreuses transformations, de vies qui basculaient dans la lumière. Ne serait-ce pas le moment favorable pour nous aussi de nous laisser renouveler par cette lumière du pardon ? n
Retrouvez après les lectures de la messe notre suggestion de prière universelle. Ces intentions sont à adapter en fonction de l’actualité et de l’assemblée qui célèbre.
Bonne fête ! Vivien, Viviane, Marie-Eugénie, Attale, Élias (del Socorro), Pierre (Ch’oe Hyong), Jean-Baptiste (Chon Chang-un)