Les trésors de la rédaction

L’oraison avec Thérèse d’Avila

Par Jacques Gauthier

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Thérèse de Jésus (1515-1582), mieux connue sous le nom de Thérèse d’Avila, chercha Dieu dans le château intérieur de son âme en prenant la porte de l’oraison. Docteur de l’Église depuis 1970, elle n’a pas fini de nous livrer ses secrets. L’Église la considère comme la mère des spirituels.

Thérèse entre au carmel de l’Incarnation d’Avila à l’âge de 20 ans et découvre qu’en se recueillant, elle fixe son attention en Dieu qui la comble par son amour et sa paix. L’oraison devient le lieu de l’amitié et de l’intimité avec le Christ dont elle se sait aimée. Distraite par des amitiés mondaines, elle abandonne l’oraison pendant une douzaine d’années. Elle y revient en lisant les Confessions de saint Augustin. La fécondité de son expérience va s’exprimer par la fondation de nombreux carmels et par l’écriture.

Thérèse distingue l’oraison vocale de l’oraison mentale, mais précise que nous avons besoin de l’une et de l’autre pour grandir dans la connaissance et l’amour du Christ. Ce n’est pas d’avoir la bouche ouverte ou fermée qui fait que nous sommes en prière, mais d’avoir le cœur entièrement occupé de Dieu. Il y a oraison, qu’elle soit vocale ou mentale, lorsque l’esprit et le cœur sont appliqués à ce que nous disons et faisons.

Si Thérèse reconnaît l’utilité de la prière vocale, qui peut aussi mener à la contemplation par la grâce de Dieu, elle va surtout recommander l’oraison mentale, silencieuse. Elle en parle en termes d’amitié, d’entretien, de réciprocité amoureuse, de pont entre Dieu et elle. Pour faire des progrès dans l’oraison, écrit-elle, « l’essentiel n’est pas de penser mais d’aimer beaucoup ; ainsi donc, attachez-vous de préférence à ce qui enflammera davantage votre amour» (1).

Le soubassement de l’oraison

Thérèse parle de ce qu’elle vit. « C’est l’exemple qui compte, l’oubli de soi » (2). Elle n’impose pas ses vues, elle donne des conseils. Elle sait que le Seigneur conduit les personnes par ses propres voies. Il y a une grande liberté dans la pratique de l’oraison thérésienne. Pour bien se préparer à l’oraison, elle suggère trois points : « Le premier est l’amour mutuel ; le deuxième, le détachement de tout ce qui est créé ; le troisième, l’humilité véritable. (3)» Lorsque le pont de l’oraison repose sur de telles fondations, nous sommes bien disposés à recevoir l’eau vive que le Christ veut nous donner.

Certaines personnes prient en méditant, d’autres non. Celles qui méditent se représentent Jésus, dans l’un ou l’autre de ses mystères, afin que leur cœur soit touché. Thérèse donne ce conseil : « Une chose qui pourra vous être d’un grand secours, c’est d’avoir avec vous une image, un portrait de notre Seigneur, qui soit à votre convenance. Mais ayez-le pour vous entretenir fréquemment avec lui, non pour le porter sur vous sans jamais le regarder. Notre Seigneur lui-même vous fournira ce que vous devez lui dire. (4) » Un livre peut aussi s’avérer une aide précieuse lorsqu’on a l’impression de tourner en rond dans l’oraison. Prendre un extrait de l’Évangile relance souvent notre prière. Mais plus l’oraison se simplifie, plus le livre nous tombe des mains. Encore ici, le témoignage de Thérèse est éloquent : « Je lis très peu, car, dès que je prends un livre, j’entre dans un recueillement savoureux, de sorte que la lecture se change en oraison. (5) 

L’oraison de recueillement

Une image, un livre, la méditation d’une scène de l’Évangile, un simple regard porté vers Jésus ne sont que des moyens qui nous préparent à l’intériorité, au silence intérieur, à l’oraison de recueillement. Ainsi, nous disposons-nous à l’oraison par notre propre volonté, en fermant les yeux. « On l’appelle oraison de recueillement, parce que l’âme y recueille toutes ses puissances et se retire au-dedans d’elle-même avec son Dieu. Par cette voie, plus rapidement que par aucune autre, son divin Maître l’instruira et lui accordera l’oraison de quiétude. (6) »

Cette voie différente de la méditation convient aux personnes qui n’ont plus d’attrait pour méditer. Elles ne se représentent plus rien, ne fixent plus leur esprit sur un mystère quelconque, mais restent inactives, souvent dans la sécheresse, présentes à la Présence. C’est une oraison de simple regard qui prépare à l’oraison surnaturelle, sujet de notre prochain article.

Magnificat no 287, octobre 2026


(1). Le Château intérieur, IV, 1, 7.
(2). Le Chemin de la perfection, 7, 8.
(3). Ibid, 4, 4.
(4). Ibid, 26, 9.
(5). Les Relations, 1, 7.
(6). Le Chemin de la perfection, 28, 4.

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Jacques Gauthier

Époux, poète, prédicateur, Jacques Gauthier a publié soixante-dix livres. Il collabore à plusieurs revues. Parmi ses ouvrages : Les maîtres spirituels chrétiens. Jésus raconté par ses proches. Consulter son site et son blog : jacquesgauthier.com.

Mgr Timothy Verdon

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« Le désir de voir Dieu n’est pas une simple curiosité, mais une impulsion profonde de la foi chrétienne. « Le verbe s’est fait chair, il a habité parmis nous, et nous avons vu sa gloire » (Jn 1, 14). »

Monseigneur Timothy Verdon est l’un des historiens de l’art chrétien les plus respectés. Diplômé de l’Université de Yale, il vit en Italie depuis plus de 50 ans. Chanoine de la cathédrale Santa Maria del Fiore à Florence, il y dirige le service diocésain d’art sacré ainsi que le musée de la Cathédrale (Museo dell’Opera del Duomo).

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