Rompre le pain en témoignage de paix

Le 2 juin 2024

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dimanche 2 juin

Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ

Que peut-il y avoir plus précieux que ce banquet où l’on célèbre l’amour insurpassable que le Christ a manifesté par sa Passion ?

La Communion des Apôtres,
Jean Jouvenet (1644-1717), Francfort-sur-le-Main,
musée Städel.

Rompre le pain en témoignage de paix

Père Sylvain Brison

Rompre le pain est, dans l’histoire de l’humanité en général, et dans l’expérience biblique en particulier, un geste d’amour, de partage et de paix. Rompre le pain avec ses frères, c’est littéralement les établir et les reconnaître comme des compagnons. Dans le film Munich, de Steven Spielberg, nous suivons Avner, un agent du Mossad, pourchasser et éliminer les auteurs de l’attentat contre l’équipe olympique israélienne lors des jeux olympiques de 1972. Le film se présente comme un déferlement insoutenable de violences jusqu’à cette scène finale où, exilé à New York, désabusé, Avner rencontre Éphraïm, son supérieur, chargé de lui faire reprendre du service. Le dialogue de sourds entre les deux hommes conduit Avner à risquer une autre voie : plongeant dans la tradition d’hospitalité biblique, il invite Éphraïm à rompre le pain pour briser le cercle de la violence et explorer un autre chemin possible. Mais Éphraïm refuse, les hommes se séparent et la caméra se fixe sur l’horizon du World Trade Center, nous suggérant que la voie de la violence est sans fin…

Donner sa vie

Aujourd’hui, c’est Jésus qui invite à recevoir le pain qu’il a rompu pour nous, brisant pour toujours l’esclavage du péché. Au cœur du mystère du salut, il y a ce partage singulier du pain et du vin. Jésus inscrit son mémorial dans la longue tradition de l’humanité, comme pour nous dire que l’extraordinaire de Dieu se dévoile dans l’ordinaire de notre vie humaine. Nous qui partageons régulièrement le pain eucharistique, nous faisons entrer l’extraordinaire de Dieu dans l’ordinaire de notre quotidien pour que l’extraordinaire surabondance de la vie divine transforme extraordinairement notre vie humaine. En donnant sa vie par amour pour nous, le Seigneur Jésus nous a ouvert le chemin de la vie. En s’offrant comme victime, il nous a orientés vers la paix, en nous obtenant une libération définitive.

Suivre Jésus

En ce jour où l’Église célèbre la fête du Corps et du Sang du Seigneur, comment pourrions-nous ne pas penser à tous les peuples qui, en Ukraine ou en Russie, en Israël ou en Palestine, et sur tous les continents, déchirés par la violence et la guerre, ont besoin de retrouver le chemin du pain rompu ? Le mémorial que Jésus a laissé à ses disciples nous transforme pour nous permettre de témoigner, à la multitude des hommes et des femmes de ce temps, de la gloire du mystère pascal à laquelle tous sont appelés. Ce témoignage authentique de vie, nous sommes appelés à le porter dans un monde en attente de salut. La puissance de l’eucharistie, pain rompu pour le monde par le Seigneur lui-même, nous entraîne à briser le cercle de la violence pour marcher sur les chemins du royaume de paix. Que le Seigneur nous permette de le suivre pour, à sa suite et avec lui, rompre le pain avec nos frères en donnant notre vie par amour pour le monde. n

Retrouvez après les lectures de la messe notre suggestion de prière universelle. Ces intentions sont à adapter en fonction de l’actualité et de l’assemblée qui célèbre.

Bonne fête ! Blandine, Pothin, Érasme

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Le Christ à la mer de Galilée, Circle of Jacopo Tintoretto (Probably Lambert Sustris), Anonymous Artist - Venetian, 1518 or 1519 - 1594. © National Gallery of Art, New-York