Abraham a discuté pas à pas avec le Seigneur pour lui demander de ne pas supprimer les justes avec les coupables dans la ville de Sodome. Marchandage éprouvant, s’il en fut, pour obtenir que, par la présence de dix justes en son sein, Sodome soit sauvée. Mais, dans l’immédiat, nous n’en saurons pas plus car le dialogue s’achève presque brusquement de la manière la plus ordinaire qui soit : Le Seigneur partit, et Abraham retourna chez lui (Gn 18, 33). Chacun repart de son côté. Il faudra attendre la suite du récit pour donner tout son poids à cette scène. Ce verbe est utilisé aussi pour décrire les gestes concrets de la vie en société : Si tu prends en gage le manteau de ton prochain, tu le lui rendras avant le coucher du soleil. C’est […] la seule couverture qu’il ait pour dormir (Ex 22, 25-26).
Un sens spirituel
Le psalmiste dit que sa prière revenait sur son sein pour décrire l’insistance de sa requête (cf. Ps 34, 13). L’image signifie qu’il rabâchait, répétait et ruminait sa prière comme si ses paroles revenaient en boucle occuper tout l’espace de sa poitrine, démontrant ainsi la communion entre le corps et la foi qui s’exprime à travers le langage. Isaïe invite le peuple à respecter un jeûne authentique en dénouant les liens de la méchanceté, en détachant les courroies du joug. Grâce à ces efforts, les demeures en ruines seront restaurées (cf. Is 58, 12). Par conséquent, ce verbe sous-entend aussi l’idée de la reconstruction certes physique mais surtout spirituelle. C’est d’ailleurs ce que le prophète Osée propose : Reviens, Israël, au Seigneur ton Dieu ; car tu t’es effondré par suite de tes fautes (Os 14, 2). Il s’agit donc d’un retournement qui suppose une véritable conversion.
Revivre
En traversant la Samarie, Jésus rencontre dix lépreux qui le supplient de les prendre en pitié. Pendant qu’ils cheminaient pour aller se montrer aux prêtres, comme Jésus le leur avait demandé, ils furent guéris (cf. Lc 17, 11-19). Seul, l’un d’entre eux revint sur ses pas et tomba face contre terre pour remercier Jésus. Il a fait la démarche de revenir alors que les autres sont restés indifférents et ont continué leur chemin. Cet homme guéri, sauvé par sa foi comme Jésus le reconnaît, peut désormais revivre alors que la maladie le condamnait à une mort à petit feu.
Marie de Magdala avait attendu l’aurore pour aller au cimetière donner au corps de Jésus les soins funéraires que le sabbat avait interrompus. Elle ne reconnut pas Jésus qu’elle prenait pour le jardinier, comme si elle était aveugle et sourde. C’est seulement quand Jésus l’appelle par son nom qu’elle se retourne. Elle lui dit : « Rabbouni ! » (Jn 20, 16). Elle devient alors capable de répondre à un appel qui l’a fait revivre : quelle plus belle conversion que cet acte de foi !
©MGF no 334, septembre 2020