Magnificat

La grâce de l’enfance spirituelle

Le 1 juillet 2022

Partager sur :

Cette œuvre du peintre vénitien Roberto Ferruzzi (1853-1934) date de la fin du XIXe siècle. Elle est contemporaine d’une autre œuvre célèbre du même artiste – et reprend sans doute le visage du même modèle –, la fameuse Madonnina, dont l’histoire vaut d’être succinctement rapportée.

Roberto Ferruzzi observe dans la rue une petite fille pauvre, Angelina Cian, laquelle porte dans ses bras son petit frère, alors encore bébé, et prend soin de lui. Ému par ce touchant tableau des mœurs populaires, il entreprend de le peindre. L’artiste est alors un autodidacte parfaitement inconnu…
Et pourtant, sa toile, présentée à la Biennale de Venise en 1897, y obtient le premier prix !

Des photographes célèbres, les frères Alinari, en achètent les droits de reproduction et en font une image pieuse qui va connaître un succès incroyable ; aujourd’hui encore, elle orne la plupart des foyers italiens, aussi bien en Europe qu’en Amérique. Désormais, tout le monde l’appelle la « Madonnina », et elle devient plus célèbre même que les madones de Raphaël ! L’œuvre originale est achetée à prix d’or par l’ambassadeur américain John George Alexander Leishman qui l’envoie par bateau aux États-Unis. Elle n’atteindra jamais sa destination et est considérée comme définitivement perdue.

Les commentateurs laissent entendre qu’au départ, quand il prit Angelina Cian et son petit frère comme modèles, l’artiste n’avait aucunement l’intention religieuse de représenter une « madone des rues ». Autant que l’on puisse en juger par les reproductions de l’époque, la composition même de l’œuvre comme le traitement des drapés s’inscrivent clairement en faux contre cette hypothèse. Et le tableau contemporain d’une Petite fille en prière qui, en ce mois de juillet, orne la couverture de votre Magnificat témoigne éloquemment des intentions profondes de l’artiste.

L’année de la mort de Thérèse de Lisieux

Pour nous, méditons le fait que cette œuvre fut peinte l’année de la mort de la petite fleur, Thérèse, Docteur de l’enfance spirituelle. À cet égard, permettez-moi de vous faire une confidence. Membre, ni pire ni meilleur que les autres, d’une génération qui a massivement perdu la foi, je me demande parfois pourquoi je fais partie des exceptions qui demeurent, avec la grâce de Dieu, des fidèles. Et alors, je me souviens que quand j’avais entre huit et douze ans, tous les soirs que Dieu faisait, je m’endormais les mains croisées sur mon cœur en faisant ma prière. Et depuis, il semblerait que spirituellement je n’aie pas trop vieilli.

Que la contemplation de cette touchante petite fille en prière suscite en nous des intentions qui crient vers le Ciel pour tous les enfants du monde auxquels personne n’apprend plus à prier, pour tous les enfants du monde qui ne prient jamais, pour tous les enfants du monde qui au moment de s’endormir n’ont jamais senti en eux leur cœur brûlant d’une discrète présence qui va demeurer à vie leur raison d’être.

À leur intention, au long de ce mois de juillet, portons chaque jour dans une poche notre chapelet à l’imitation de la petite Bernadette. Et, à l’occasion de la récitation d’une dizaine ou d’une autre, nous pourrons modifier légèrement la formule de notre prière, pour dire :

Sainte Marie, Mère de Dieu,
priez pour tous les enfants du monde qui ne prient jamais,

maintenant et à l’heure de leur mort. Amen.

Pierre-Marie Varennes

Jeune fille en prière, Roberto Ferruzzi (1853-1934), Sébastopol, Ukraine, musée des Beaux-Arts. © Arthotek / La Collection.

Partager sur :