(c) Alban de Châteauvieux
u Fêté le 7 avril u
« Avez-vous regardé jusqu’à présent le salut de vos élèves, comme votre propre affaire ? » interroge M. de La Salle. C’est aux maîtres qu’il forme pour l’instruction des enfants pauvres qu’il s’adresse alors. Sous le règne de Louis XIV, le contraste est frappant entre les maisons populaires où le confort est celui d’une écurie et les palais aux jardins bien dessinés. Jean-Baptiste de La Salle se trouve, lui, du côté des privilégiés. Mais la foi profonde de celui qui fondera, en 1684, les Frères des Écoles Chrétiennes, première congrégation non cléricale de frères enseignants dont la priorité est l’éducation des enfants pauvres, sera éprouvée tout au long de sa fondation.
Une foi qui engage
Ordonné prêtre depuis un an, après une formation au séminaire Saint-Sulpice, à Paris, il est revenu à Reims, sa ville natale, pour prendre en charge sa famille après la mort subite de ses deux parents. Et là, en 1679, il rencontre un certain Adrien Nyel, maître d’école qui va bouleverser sa vie. Il a alors 28 ans. Ému au plus profond de lui-même par la condition des enfants délaissés, livrés à eux-mêmes et qui semblent si loin du salut, il prend la décision de mettre ses talents et son éducation à leur service. Il veut que l’école soit gratuite et accessible à tous. Et pour être totalement donné à « l’œuvre où Dieu semble vouloir l’engager », il choisit d’emménager avec les premiers maîtres qu’il va former dans la maison familiale, ce qui lui vaudra le rejet de sa famille. Il renonce aussi à sa fortune et à sa position de chanoine de la cathédrale de Reims, dans laquelle il est établi depuis l’âge de 16 ans : « Si nous aimons véritablement notre prochain, nous devons être disposés à donner notre vie pour lui, pour contribuer à son salut comme Jésus-Christ s’est livré à la mort pour l’amour de nous. »
Une pédagogie novatrice
Ses choix de vie et les orientations qu’il propose à l’enseignement suscitent des réactions violentes, oppositions ecclésiastiques, ou même, entre 1691 et 1712, calomnies de ses propres frères. Il traverse alors une certaine nuit où le doute l’assaille. C’est dans l’oraison de chaque jour qu’il puise la force de continuer : « Il me semble que ce que j’ai à demander à Dieu dans l’oraison est qu’il me fasse connaître ce qu’il veut », se répète-t-il, au petit matin avant de poursuivre sa route semée d’obstacles au poids annonciateur d’une œuvre immense. Sa fidélité à répondre à son appel lui vaudra, malgré tout, de réussir avec succès à créer un réseau d’écoles de qualité, caractérisées par une solide instruction religieuse. Au soir de sa vie, le Vendredi saint de 1719, il exprime dans la paix un dernier acte de foi : « J’adore en toutes choses la conduite de Dieu à mon égard. »
Aujourd’hui, les Frères des écoles chrétiennes œuvrent dans soixante-dix-sept pays auprès d’un million de jeunes sur les cinq continents. Canonisé le 24 mai 1900, Jean-Baptiste de La Salle est proclamé « patron des éducateurs chrétiens » le 15 mai 1950. n
À l’écoute de Jean-Baptiste de La Salle
Si nous sommes obligés de croire et de savoir les principaux mystères de notre religion, nous devons par conséquent faire de temps en temps et souvent des actes de foi sur ces divins mystères. Il y a même quelques occasions particulières dans lesquelles on ne peut pas s’en dispenser, ce sont principalement celles-ci : quand on commence à avoir l’usage de la raison ; quand on reçoit quelque sacrement et à l’article de la mort ; il est aussi à propos d’en faire lorsqu’on est tenté contre la foi. Il n’est pas nécessaire que ces actes de foi soient prononcés de bouche, à moins que nous voulions nous en servir pour rendre un témoignage public de notre foi ; il suffit que le cœur les formule et les conçoive, parce que c’est à Dieu que nous les adressons et que c’est du cœur que nous lui parlons.
