Jeune ferronnier d’art jouissant déjà d’une certaine renommée, Quentin Massys (v. 1466-1530) se convertit à la peinture par amour. En effet, le père de la belle pour laquelle son cœur brûlait étant peintre, le jeune tourtereau ne trouva pas de meilleur moyen d’approcher l’objet de son désir que de fréquenter assidûment, comme élève, l’atelier de son père.
Cette anecdote, peut-être légendaire, rend bien compte du charisme de cet artiste dont les œuvres résonnent comme autant d’hymnes à l’amour aux accents parfois heureux, parfois tragiques, mais toujours émouvants. Fidèle suiveur des primitifs flamands – Van Eyck et Van der Weyden en tête –, Quentin sut réaliser une harmonieuse synthèse entre sa tradition et l’art innovant des grands maîtres de la Renaissance italienne – et d’abord de Léonard de Vinci – pour devenir le plus grand artiste du nord de l’Europe au XVIe siècle.
Eia ergo, advocata nostra
Voici donc sa Vierge priante – plus exactement intercesseuse. Cette œuvre fait partie d’un diptyque dont le pendant est l’un des plus célèbres Salvator Mundi qui fussent jamais peints, l’égal de celui de Léonard (cliquez ici pour le redécouvrir). Marie est présentée couronnée, donc au Ciel. Elle est saisie dans la contemplation de son divin fils lors de l’accomplissement final de l’histoire du Salut : tandis que Jésus trône dans la gloire pour juger les vivants et les morts, sa mère prie pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort.
Prenons le temps d’observer combien l’art de peindre de Quentin Massys est méticuleux, précis, hyperréaliste, tout en demeurant virtuose, donc pleinement vivant et symbolique. Admirons le raffinement subtil des touches de peinture, raffinement communiqué aussi bien aux objets – les perles par exemple –, aux vêtements – le voile transparent, le liseré de fourrure –, qu’au corps humain – les cheveux, les cils, la carnation et les traits du visage, les mains jointes. Et que dire de l’expressivité, toute en douces nuances, des couleurs qui atteignent jusqu’à la transparence qui sied pour rendre la beauté des créatures quand elles sont à jamais unies à la Lumière née de la Lumière.
O clemens, o pia, o dulcis, Virgo Maria
Ce visage de Marie traduit avec une délicatesse inouïe le sens inné de Quentin Massys pour rendre le mystère d’une figure humaine touchée par la grâce. Quel artiste, celui qui est parvenu ainsi à donner à ce visage une expression, tout intérieure et mystique, qui manifeste ce que fut la sérénité humaine d’avant le péché ! Et pourtant, une sérénité ici voilée d’un sentiment tragique véritablement poignant : le sentiment dont la Mère de Dieu, notre mère, ne pourra se départir tant qu’un seul être humain sera au risque de se damner. C’est ainsi que le regard et toute l’attitude de celle qui a été intronisée Reine des Cieux expriment à quel point l’adoration de son fils Jésus comble la profondeur, la largeur et la hauteur de son cœur de mère d’une mesure à ce point débordante qu’elle en investit le surcroît – inépuisable à vrai dire ! – dans l’imploration irrésistible qu’elle lui adresse pour chacun d’entre nous.
Pierre-Marie Varennes
Madone, Quentin Massys (v. 1466-1530), Royal Museum of Fine Arts, Antwerp, Belgium. © Art in Flanders / Bridgeman Images.
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Salve Regina !
Le 1 août 2023
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Jeune ferronnier d’art jouissant déjà d’une certaine renommée, Quentin Massys (v. 1466-1530) se convertit à la peinture par amour. En effet, le père de la belle pour laquelle son cœur brûlait étant peintre, le jeune tourtereau ne trouva pas de meilleur moyen d’approcher l’objet de son désir que de fréquenter assidûment, comme élève, l’atelier de son père.
Cette anecdote, peut-être légendaire, rend bien compte du charisme de cet artiste dont les œuvres résonnent comme autant d’hymnes à l’amour aux accents parfois heureux, parfois tragiques, mais toujours émouvants. Fidèle suiveur des primitifs flamands – Van Eyck et Van der Weyden en tête –, Quentin sut réaliser une harmonieuse synthèse entre sa tradition et l’art innovant des grands maîtres de la Renaissance italienne – et d’abord de Léonard de Vinci – pour devenir le plus grand artiste du nord de l’Europe au XVIe siècle.
Eia ergo, advocata nostra
Voici donc sa Vierge priante – plus exactement intercesseuse. Cette œuvre fait partie d’un diptyque dont le pendant est l’un des plus célèbres Salvator Mundi qui fussent jamais peints, l’égal de celui de Léonard (cliquez ici pour le redécouvrir). Marie est présentée couronnée, donc au Ciel. Elle est saisie dans la contemplation de son divin fils lors de l’accomplissement final de l’histoire du Salut : tandis que Jésus trône dans la gloire pour juger les vivants et les morts, sa mère prie pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort.
Prenons le temps d’observer combien l’art de peindre de Quentin Massys est méticuleux, précis, hyperréaliste, tout en demeurant virtuose, donc pleinement vivant et symbolique. Admirons le raffinement subtil des touches de peinture, raffinement communiqué aussi bien aux objets – les perles par exemple –, aux vêtements – le voile transparent, le liseré de fourrure –, qu’au corps humain – les cheveux, les cils, la carnation et les traits du visage, les mains jointes. Et que dire de l’expressivité, toute en douces nuances, des couleurs qui atteignent jusqu’à la transparence qui sied pour rendre la beauté des créatures quand elles sont à jamais unies à la Lumière née de la Lumière.
O clemens, o pia, o dulcis, Virgo Maria
Ce visage de Marie traduit avec une délicatesse inouïe le sens inné de Quentin Massys pour rendre le mystère d’une figure humaine touchée par la grâce. Quel artiste, celui qui est parvenu ainsi à donner à ce visage une expression, tout intérieure et mystique, qui manifeste ce que fut la sérénité humaine d’avant le péché ! Et pourtant, une sérénité ici voilée d’un sentiment tragique véritablement poignant : le sentiment dont la Mère de Dieu, notre mère, ne pourra se départir tant qu’un seul être humain sera au risque de se damner. C’est ainsi que le regard et toute l’attitude de celle qui a été intronisée Reine des Cieux expriment à quel point l’adoration de son fils Jésus comble la profondeur, la largeur et la hauteur de son cœur de mère d’une mesure à ce point débordante qu’elle en investit le surcroît – inépuisable à vrai dire ! – dans l’imploration irrésistible qu’elle lui adresse pour chacun d’entre nous.
Pierre-Marie Varennes
Madone, Quentin Massys (v. 1466-1530), Royal Museum of Fine Arts, Antwerp, Belgium. © Art in Flanders / Bridgeman Images.
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