Fêté le 24 juillet, Charbel Makhlouf nous laisse un exemple inspirant de foi et de constance dans la prière.
L’audace de témoigner
Les éléments se déchaînent contre l’ermitage Saints-Pierre-et-Paul. Perché, isolé sur les hautes cimes libanaises de la région de Jbeil, le pauvre édifice ne peut se défendre contre les éclairs et les tonnerres, redoutables en janvier. Ils se sont réfugiés dans la cuisine, le père Makario et le frère Neemtallah. Abouna Charbel, lui, demeure seul devant le Saint-Sacrement, à genoux, chapelet en main, immobile comme une statue. En présence du Seigneur dans la petite chapelle où, depuis 1875, il passe ses journées et bien souvent ses nuits. Déjà, quand il vivait en communauté au monastère voisin Saint-Maron d’Annaya, l’humble ascète de l’ordre libanais maronite répétait : « Dieu est mon amour, et cela me suffit. » Combien plus maintenant qu’il est ermite ! La recherche incessante de son Bien-Aimé est devenue son unique nécessaire.
Le prêtre a embarqué, sans retour possible, sur « le bateau du Seigneur qui résiste aux vents et aux tempêtes, si violentes soient-elles ». Alors, pourquoi sursauterait-il quand la foudre s’abat sur la chapelle ? Saisis à la gorge par l’odeur du soufre, ses deux compagnons s’évanouissent puis, revenus à eux, accourent dans l’église, se préparant au pire. Mais c’est un moine abîmé dans l’oraison qu’ils surprennent. « Quand même, père Charbel, n’as-tu pas pu éteindre les nappes et les chasubles ? » s’agace son supérieur. Et l’homme de Dieu de rétorquer : « Mon frère, éteindre quoi ? Sitôt commencé, sitôt terminé ! » Plutôt que de s’agiter comme Marthe, il a préféré prier comme Marie. Et cette meilleure part, même un feu n’a pas su la lui ôter.
Dans son homélie de canonisation, en 1977, le pape Paul VI a bien admis que la vie de la « sainte Thérèse du Liban », émaillée de miracles – surtout après sa mort en 1898 – n’est pas « proposée à tous comme un charisme imitable », mais qu’elle incarne « d’une façon radicale, un esprit dont nul fidèle du Christ n’est dispensé ». Ainsi invoquait-il celui qu’enfant, les gamins de son village surnommaient déjà « le saint » : « Qu’il intercède pour nous, pauvres pécheurs, qui, trop souvent, n’osons pas risquer l’expérience des béatitudes qui conduisent pourtant à la joie parfaite ! »
À l’écoute de Charbel Makhlouf
« Les hommes demandent des prodiges pour croire, des signes pour voir, des messages pour entendre et comprendre, un chemin pour marcher et atteindre le salut et le bonheur. Le prodige, c’est le Saint-Sacrement ; le signe, c’est la Croix ; le message, c’est l’Évangile ; le salut est dans l’Église. Par la Croix, l’Évangile, le Saint-Sacrement et dans l’Église, vous vous sanctifiez. Dieu vous a prédestinés à la sainteté et non à la mort. La sainteté n’est pas une chance, elle est un choix.
Le royaume de Dieu est en vous. La sainteté est une grâce et une volonté : la grâce vous est donnée par Dieu, à vous d’y déployer votre volonté. Vous êtes potentiellement saints, efforcez-vous de l’être réellement. »
« Le désir de voir Dieu n’est pas une simple curiosité, mais une impulsion profonde de la foi chrétienne. « Le verbe s’est fait chair, il a habité parmis nous, et nous avons vu sa gloire » (Jn 1, 14). »
Monseigneur Timothy Verdon est l’un des historiens de l’art chrétien les plus respectés. Diplômé de l’Université de Yale, il vit en Italie depuis plus de 50 ans. Chanoine de la cathédrale Santa Maria del Fiore à Florence, il y dirige le service diocésain d’art sacré ainsi que le musée de la Cathédrale (Museo dell’Opera del Duomo).
Relié – Tranchefile et jaquette – 272 pages – 22 x 29 cm – 39€
Les trésors de la rédaction
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Charbel Makhlouf (1828-1898)
Par Alexia Vidot
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L’audace de témoigner
Les éléments se déchaînent contre l’ermitage Saints-Pierre-et-Paul. Perché, isolé sur les hautes cimes libanaises de la région de Jbeil, le pauvre édifice ne peut se défendre contre les éclairs et les tonnerres, redoutables en janvier. Ils se sont réfugiés dans la cuisine, le père Makario et le frère Neemtallah. Abouna Charbel, lui, demeure seul devant le Saint-Sacrement, à genoux, chapelet en main, immobile comme une statue. En présence du Seigneur dans la petite chapelle où, depuis 1875, il passe ses journées et bien souvent ses nuits. Déjà, quand il vivait en communauté au monastère voisin Saint-Maron d’Annaya, l’humble ascète de l’ordre libanais maronite répétait : « Dieu est mon amour, et cela me suffit. » Combien plus maintenant qu’il est ermite ! La recherche incessante de son Bien-Aimé est devenue son unique nécessaire.
Le prêtre a embarqué, sans retour possible, sur « le bateau du Seigneur qui résiste aux vents et aux tempêtes, si violentes soient-elles ». Alors, pourquoi sursauterait-il quand la foudre s’abat sur la chapelle ? Saisis à la gorge par l’odeur du soufre, ses deux compagnons s’évanouissent puis, revenus à eux, accourent dans l’église, se préparant au pire. Mais c’est un moine abîmé dans l’oraison qu’ils surprennent. « Quand même, père Charbel, n’as-tu pas pu éteindre les nappes et les chasubles ? » s’agace son supérieur. Et l’homme de Dieu de rétorquer : « Mon frère, éteindre quoi ? Sitôt commencé, sitôt terminé ! » Plutôt que de s’agiter comme Marthe, il a préféré prier comme Marie. Et cette meilleure part, même un feu n’a pas su la lui ôter.
Dans son homélie de canonisation, en 1977, le pape Paul VI a bien admis que la vie de la « sainte Thérèse du Liban », émaillée de miracles – surtout après sa mort en 1898 – n’est pas « proposée à tous comme un charisme imitable », mais qu’elle incarne « d’une façon radicale, un esprit dont nul fidèle du Christ n’est dispensé ». Ainsi invoquait-il celui qu’enfant, les gamins de son village surnommaient déjà « le saint » : « Qu’il intercède pour nous, pauvres pécheurs, qui, trop souvent, n’osons pas risquer l’expérience des béatitudes qui conduisent pourtant à la joie parfaite ! »
À l’écoute de Charbel Makhlouf
« Les hommes demandent des prodiges pour croire, des signes pour voir, des messages pour entendre et comprendre, un chemin pour marcher et atteindre le salut et le bonheur. Le prodige, c’est le Saint-Sacrement ; le signe, c’est la Croix ; le message, c’est l’Évangile ; le salut est dans l’Église. Par la Croix, l’Évangile, le Saint-Sacrement et dans l’Église, vous vous sanctifiez. Dieu vous a prédestinés à la sainteté et non à la mort. La sainteté n’est pas une chance, elle est un choix.
Le royaume de Dieu est en vous. La sainteté est une grâce et une volonté : la grâce vous est donnée par Dieu, à vous d’y déployer votre volonté. Vous êtes potentiellement saints, efforcez-vous de l’être réellement. »
©MGF no 296, juillet 2017
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Alexia Vidot
Alexia Vidot est journaliste free-lance et collaboratrice régulière à Magnificat.
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« Le désir de voir Dieu n’est pas une simple curiosité, mais une impulsion profonde de la foi chrétienne. « Le verbe s’est fait chair, il a habité parmis nous, et nous avons vu sa gloire » (Jn 1, 14). »
Monseigneur Timothy Verdon est l’un des historiens de l’art chrétien les plus respectés. Diplômé de l’Université de Yale, il vit en Italie depuis plus de 50 ans. Chanoine de la cathédrale Santa Maria del Fiore à Florence, il y dirige le service diocésain d’art sacré ainsi que le musée de la Cathédrale (Museo dell’Opera del Duomo).
Relié – Tranchefile et jaquette – 272 pages – 22 x 29 cm – 39€
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