« Il est déjà loin le temps où le prince Rastislav de Grande-Moravie fit cette requête à l’empereur Michel III : “De nombreux maîtres chrétiens sont venus jusqu’à nous depuis
l’Italie, la Grèce et la Germanie, pour nous instruire de diverses manières. Mais nous, les Slaves, […] nous n’avons personne qui nous oriente vers la vérité et nous instruise de manière compréhensible.” Nous sommes venus, Méthode, et, maintenant, j’ai trouvé le moyen de faire entendre aux Slaves les saintes Écritures et même de participer aux saints mystères dans leur propre langue. Regarde ce parchemin, aux lettres grecques, j’en ai ajouté d’autres pour transcrire les sons propres à leur langue. Tu vois ici, un þ iou, là un ö ts, etc. C’est simple ! – Cyrille, c’est génial ! »
Se faire tout à tous
Cyrille, le fin lettré de Salonique, et son frère Méthode s’étaient efforcés, dans un esprit vraiment missionnaire, de se familiariser avec la langue et la mentalité des peuples qui leur avaient été confiés. Comprenant l’importance de la fidélité à la parole de Dieu telle qu’elle a été transmise par la tradition apostolique et la nécessité d’une ouverture créative aux nouveaux développements et aux exigences d’une implantation solide de l’Évangile dans une culture donnée, ils s’appliquèrent, avec détermination, à assimiler et assumer toutes les exigences et les attentes des peuples slaves. Saint Paul n’avait-il pas conseillé de se faire tout à tous pour sauver tous les hommes (cf. 1 Co 9, 19-22) ?
Cyrille et Méthode s’étaient rendu compte que la messe introduite par des missionnaires latins ne rencontrait pas la faveur de la population. Conscients de la légitimité des traditions propres à de nombreuses Églises, ils traduisirent en langue slave non seulement la liturgie de saint Jean Chrysostome (byzantine), mais aussi celle de saint Pierre (romaine). Ils permettaient ainsi à la liturgie de devenir un instrument efficace pour mettre les hommes en contact avec les mystères de Dieu énoncés dans leur propre langue. Le pape Adrien II approuva les livres liturgiques slaves, qu’il fit solennellement déposer sur l’autel de l’église Sainte-Marie-Majeure.
Le souci de l’unité
Les diverses populations slaves se trouvaient rassemblées à un carrefour d’influences entre l’Orient et l’Occident. Demeuré seul, après la mort de Cyrille, Méthode gagna la confiance des papes, des patriarches de Constantinople, des empereurs byzantins ainsi que des chefs des nouvelles nations slaves. Au milieu de bien des tribulations et des conflits inhérents à la nouvelle organisation des peuples, son action prévoyante, sa saine doctrine, son zèle apostolique marqué de loyauté lui permirent de faire éclore une Église nouvelle cohérente avec le dépôt de la tradition et en profonde union avec les Églises plus anciennes. Fidèle à la mission commencée avec son frère Cyrille, Méthode ne dévia jamais du ferme dessein de favoriser et de servir le bien des peuples slaves et l’unité de l’Église universelle.