Les trésors de la rédaction

Des clefs pour vivre l’Avent

Par Hélène Villars

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Qu’il est court ce temps de l’Avent pour vraiment mettre à profit ce que la liturgie nous invite à vivre ! Rappelons-nous qu’il est une image de toute notre vie chrétienne.

Restez éveillé, c’est ne pas dormir ! Le sommeil est avant tout un état de relâchement qui coupe de la réalité. D’une certaine manière, l’endormi est un homme mort. Or, nous sommes des vivants en Jésus Christ. Il s’agit donc de ne pas laisser s’endormir notre conscience. Lire les journaux et en décrypter l’information semble facile – l’est-ce vraiment ? – mais écouter la parole de Dieu et en décrypter le sens apparaît comme plus difficile.
Comment écoutons-nous les multiples oracles d’Isaïe qui viennent quotidiennement nous promettre un monde nouveau de justice et de paix, de joie et de douceur ? Comme des promesses anciennes ? L’Avent nous demande de les prendre au sérieux. Elles disent ce que Dieu fait « pour nous », mais aussi ce qu’il fait « par nous » pour le monde. Car comme le dit un mystique rhénan du xive siècle : « Notre Dieu n’a pas de mains il n’a que nos mains pour construire le monde d’aujourd’hui… »
Ainsi, le loup habitera avec l’Agneau (Is 11, 6) si recherchons la paix en toutes circonstances. Le Seigneur essuiera les larmes sur tous les visages (Is 25, 8) si nous prenons la peine de nous pencher sur nos frères souffrants. Nous ne savons pas quand le Christ viendra, mais nous savons qu’il est avec lorsque nous restons éveillés en servant nos frères.

Redressez-vous, relevez la tête

Un moyen de lutte contre l’endormissement ? Plus que cela, une attitude de foi et d’espérance.
Le monde dans lequel nous vivons développe insidieusement une culture de la peur. L’avertissement de saint Luc : des hommes mourront de peur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde (Lc 21, 26) montre à quel point la peur paralyse et endort nos capacités.
L’Avent vient mettre à mal cette peur envahissante, non seulement par des exhortations toniques : Fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent (Is 35, 4, Lundi 2), mais, surtout, en ouvrant une espérance : le Seigneur est proche.
Les descriptions des temps de la fin nous font comprendre que, dans l’angoisse de ce monde, une espérance est offerte, qui concerne l’humanité et suscite en nous la confiance en l’amour tout-puissant de Dieu. L’espérance décille nos yeux. À chaque fois que nous choisissons l’amour et la charité, nous faisons entrer la lumière. Et c’est dans l’engourdissement de la nuit que nous sommes appelés à relever la tête vers la lumière naissante. La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche (Rm 13, 12).

Nourrir l’espérance

« Nous avons besoin des espérances, écrit Benoît XVI, – des plus petites et des plus grandes – qui au jour le jour, nous maintiennent en chemin. Mais sans la grande espérance, qui doit dépasser tout le reste, elles ne suffisent pas. Cette grande espérance ne peut être que Dieu seul, qui embrasse l’univers et qui peut nous proposer et nous donner ce que seuls, nous ne pouvons atteindre » (Spe salvi n° 31).
Dieu nourrit notre espérance parce qu’il en est le centre vital. Mais, nous la partageons avec toute l’Église, pas cette entité abstraite qui nous dépasse mais celle des frères qui nous entourent. Tous ensemble, comme dans une course de relai, nous nous transmettons les raisons d’espérer.
L’espérance ne s’invente pas, elle est un don de Dieu. « Chaque année, Seigneur, tu ravives en nous la joyeuse espérance du salut » dit l’oraison de la messe de la veille de Noël. Et la bénédiction solennelle de l’Avent demande à Dieu de rendre « joyeuse notre espérance. » Dans la liturgie, le mot espérance est toujours lié à la joie. Elle en est la marque distinctive, ce qui va à l’encontre de la peur du monde.

Laisser jaillir la joie

Si les oraisons et les bénédictions rapprochent « espérance et joie », la parole de Dieu en donne la raison par la bouche d’Isaïe : Voici notre Dieu, en lui nous espérions, et il nous a sauvés ; exultons, réjouissons-nous : il nous a sauvés (Is 25, 9).
Le salut est la raison de la joie, joie exubérante de Pâques, joie douce et contenue de l’Avent, joie qui est attente de la plénitude pascale.
La joie est réelle car nous savons que Dieu fait ce qu’il a promis. Elle est contenue parce qu’elle ne peut s’exprimer totalement. C’est la joie presque silencieuse de la femme enceinte qui attend de voir son enfant pour se réjouir. Le délai élargit son désir.

S’ouvrir au désir

Comme un conte de Noël, l’étymologie du mot « désir » ouvre un espace de compréhension. Les verbes latins desiderare et considerare, dérivent tous les deux du mot sidus, qui signifie « étoile » et que l’on retrouve dans « sidéral », « intersidéral » ou encore « sidérer », subir l’influence des astres. Considerare contemple les étoiles, alors que desiderare, en regrette l’absence. Desiderare est donc notre « désir » qui regrette son astre disparu et porte en lui la nostalgie de son étoile. Le désir cherche et appelle : « Viens ! »
La liturgie des Heures répercute abondamment ce cri du désir qui vient en contrepoint de l’affirmation de foi : « Le Seigneur vient » que l’on retrouve dans lectures et les antiennes. Là se tient le paradoxe de notre foi. Nous désirons ce que nous avons déjà obtenu en espérance, et ce désir hâte le temps de la réalisation.
Nous en faisons l’expérience en chaque eucharistie, alors même que le Christ se rend sacramentellement présent au milieu de nous, nous proclamons : « nous attendons ta venue dans la gloire », « Viens, Seigneur Jésus ! »

Prier et se convertir

Homme de désir, Jean le Baptiste invite à deux attitudes nécessaires pour que notre désir porte du fruit : la prière et de la conversion, qui en est l’expression concrète.
Jean Baptiste, en rigueur de terme, ne parle pas de la prière, mais il témoigne par sa vie de ce qu’elle produit : pureté de cœur, liberté intérieure, écoute authentique de Dieu et des autres. Par contre, il annonce une bonne nouvelle – à laquelle nous ne pensons pas comme étant une bonne nouvelle – : notre conversion.
La conversion n’est pas une sorte de papier de verre sur nos défauts, elle est ouverture joyeuse à Dieu qui vient nous apprendre les manières du monde nouveau où amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent (Ps 84, 11).

Patienter

Le temps de l’Avent nous exerce à la patience au regard du salut qui semble tarder à venir et vis à vis de nous-mêmes qui peinons à nous convertir.
Patienter vient de « pâtir », « subir ». Il y a donc une sorte de souffrance implicite à la patience, mais une souffrance qui fortifie l’homme qui sait que Dieu s’occupe de lui.
Nous croyons, et donc nous savons que Dieu s’occupe de nous. Il n’a pas abandonné l’humanité dans un couloir sans issue. Seulement, les mouvements de son action nous échappent. Nous pouvons cependant discerner, comme la femme enceinte, les manifestations de sa présence au fil des jours. Saint Jacques rapproche la patience de la fermeté, une solidité dans la foi. Ayez de la patience, et soyez fermes, car la venue du Seigneur est proche (Jq 5, 8). C’est bien parce que nous avons foi en la promesse de Dieu que nous pouvons patiemment tenir ferme.
L’Avent est riche de promesses. Il redit inlassablement que « Le Royaume des cieux est tout proche ». Il ne nous reste plus qu’à en vivre, non seulement pendant les semaines qui nous séparent de Noël, mais, à partir de ses jours, d’en faire un programme de vie chrétienne, révisable d’année en année, jusqu’à ce que le Seigneur vienne.


©MGF no 253, décembre 2013

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Hélène Villars

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“Le désir de voir Dieu n’est pas une simple curiosité, mais une impulsion profonde de la foi chrétienne. “Le verbe s’est fait chair, il a habité parmis nous, et nous avons vu sa gloire” (Jn 1, 14).”

 

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