Une « fête », vraiment ? Une fête au goût amer. La même foule qui a acclamé Jésus comme le Messie réclamera sa mort peu de jours après. Et la liturgie des Rameaux nous fait revivre ce sinistre retournement. La célébration commence exceptionnellement par une lecture d’Évangile, celle de l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem. La rumeur avait circulé, le célèbre Galiléen, prédicateur et faiseur de miracles, était aux portes de Jérusalem. Alors, spontanément, on l’a acclamé. Matthieu raconte : Dans la foule, la plupart étendirent leurs manteaux sur le chemin ; d’autres coupaient des branches aux arbres et en jonchaient la route. Les foules qui marchaient devant Jésus et celles qui suivaient criaient : « Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! » (Mt 21, 8-9). Or ces exclamations : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient… » étaient réservées à la venue du Messie. Les autorités assistaient, impuissantes, à ce triomphe ; mais elles auraient bientôt leur revanche.
Après cette lecture d’Évangile, la célébration eucharistique se poursuit normalement, et au cours de la liturgie de la Parole, nous lirons le récit de la Passion et de la mort de Jésus. Le « triomphe » aura été de courte durée.
« Bible et liturgie », hors-série Semaine sainte no 66, 2020.