Les trésors de la rédaction

La journée mondiale de la vie consacrée

Par Odile Robert

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Chaque année, le 2 février nous donne l’occasion de prier pour ces femmes qui prennent l’engagement de s’attacher au Christ sans partage.

« Cette journée a pour but de faire mieux connaître et apprécier la vie consacrée au Peuple de Dieu tout entier. » La XXVIIe Journée mondiale de la vie consacrée fournit une heureuse occasion de mieux découvrir la forme la plus ancienne de la vie consacrée féminine.

Alors que la virginité volontaire et définitive était exceptionnelle dans le judaïsme et le monde gréco-romain, les « vierges consacrées » furent très nombreuses dans les premiers siècles de l’Église, formant, dans chaque diocèse, un ordo virginum 1. Ensuite cette institution tomba en désuétude. Dans le cadre de la réforme liturgique souhaitée par le concile Vatican II, la « consécration des vierges 2 », alors réservée à des moniales, fut rétablie en 1970 dans l’Église latine pour des femmes vivant dans le monde.

L’Église, Épouse du Christ

Une vierge consacrée est une femme baptisée, qui prend l’engagement public de « garder la virginité pour le Royaume », afin de « s’attacher au Christ sans partage ». Devant l’évêque diocésain, qui préside ce rite liturgique solennel, et devant le peuple de Dieu rassemblé, elle offre sa personne entière, corps et âme, et elle est « mise à part » pour être vouée, de façon irrévocable, au service de Dieu et de l’Église. Les mains étendues, l’évêque prononce sur elle, la grande et belle prière du ve siècle, sceau indélébile que Dieu pose sur sa donation : « Voici l’Époux ! Sortez à sa rencontre » (cf. Mt 25, 6). Il lui remet ensuite les insignes traditionnels de l’alliance nuptiale : le voile et l’anneau. Elle devient alors « image de l’Église-Épouse », consacrée à Dieu pour accueillir dans tout son être ce « mystère nuptial », scellé par l’Incarnation, dont parle la Sainte Écriture et que méditent les Pères de l’Église et toute la tradition : l’Épouse désirée de Dieu, celle qui ne fait qu’un avec l’Époux, c’est la Sainte Église, préfigurée, personnifiée en Marie, Vierge et mère. C’est à l’Église-Épouse, qui ne sera en plénitude elle-même qu’au ciel, que la liturgie assimile la vierge consacrée. Celle-ci va droit à cette réalité nuptiale, de nature eschatologique, dont les noces de cette terre demeurent une figure.

Épouse du Christ

L’Époux de la vierge, c’est donc en vérité le Christ ! Il a frappé à la porte de son cœur, il lui offre tout et elle choisit pour toujours, pour l’éternité, le « Tout » qu’est Dieu préféré à tout : « Qu’en toi elle possède tout, puisque c’est toi qu’elle préfère à tout », conclut la finale de la prière de consécration. Comme le mariage humain, les noces mystiques sont un mystère de l’amour ! Et aimer, c’est choisir ! Celle qui choisit ce chemin particulier sait qu’il s’agit d’un don gratuit que Dieu réserve à qui il veut. La vierge consacrée est appelée à un « service d’amour ». Sa vocation n’est pas tant d’exercer une fonction définie dans l’Église, que de signifier pour l’Église universelle et son Église particulière (diocésaine) son amour inconditionnel et indéfectible. C’est pourquoi elle prête chaque jour sa voix à l’Église qui ne cesse de louer Dieu et d’intercéder pour le monde en priant la liturgie des Heures.

Elle reçoit aussi une lampe allumée, signe de l’attente vigilante de l’Époux qui vient : « Marana Tha ! Viens, Seigneur Jésus ! » (Ap 22, 20). Jour après jour, cachée des regards, elle veille, telle une « sentinelle de l’invisible » (saint Jean-Paul II), dans la vie professionnelle ou amicale ; elle maintient pour le monde et dans l’Église la ferveur eschatologique, l’amour des choses d’en haut, des biens éternels (cf. Col 3, 1). Selon les charismes de chacune, et en concertation avec leur évêque, les vierges consacrées s’efforcent de traduire ce service d’amour en gestes concrets. Dans une vie ordinaire, elles sont appelées à devenir « le cœur et les mains » de l’Église (saint Jean-Paul II) en se laissant guider par l’exemple lumineux de sainte Geneviève de Paris !

Ce que toute la tradition chrétienne appelle la « virginité du cœur » est un pèlerinage de l’âme que les béatitudes ouvrent devant tout baptisé, et tout particulièrement devant les vierges consacrées. C’est une grâce – Dieu-Charité peut seul inspirer la virginité et remplir le cœur d’amour virginal –, mais aussi une conversion permanente – ascèse et miséricorde ! – pour se détacher des choses créées, des soucis de ce monde et de sa volonté propre, dans une véritable oblation de soi.


Notes

  1. Une catégorie bien identifiée de fidèles à l’intérieur du peuple de Dieu, quoique sans règle ni structures communautaires.
  2. Elle appartient aux sacramentaux. Toutes les références in Ordo consecrationis virginum, AELF, 1976.

©MGF no 363, février 2023

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Odile Robert

Odile Robert, vierge consacrée (Toulouse), auteur de L’Église pèlerine. Histoire de la spiritualité chrétienne.

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Monseigneur Timothy Verdon est l’un des historiens de l’art chrétien les plus respectés. Diplômé de l’Université de Yale, il vit en Italie depuis plus de 50 ans. Chanoine de la cathédrale Santa Maria del Fiore à Florence, il y dirige le service diocésain d’art sacré ainsi que le musée de la Cathédrale (Museo dell’Opera del Duomo).

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