Magnificat

Les trésors de la rédaction

Le Christ s’est manifesté

Par Bernadette Mélois

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Épiphanie est un mot peu utilisé dans notre langage sinon comme nom donné à une fête du cycle de Noël. Mais l’« épiphanie » a un sens beaucoup plus large qu’il peut être bon d’approfondir.

Épiphanie vient d’un verbe grec épiphanéin qui signifie « apparaître » ou « briller sur » et du substantif épiphanéia « apparition ». Ce verbe est utilisé de manière courante dans les écrits du Nouveau Testament, mais, saint Jean l’a chargé d’une signification particulière. C’est toujours dans le contexte de la manifestation messianique de Jésus qu’il emploie ce verbe. C’est en rapportant les paroles du Baptiste après l’épisode du Jourdain, qu’il l’emploie pour la première fois. Jean-Baptiste dit : Si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour qu’il soit manifesté au peuple d’Israël (Jn 1, 31). De la même manière, à la fin du récit des « Noces de Cana », Jean dit de Jésus : Il manifesta sa gloire (Jn 2, 11). Et avant la guérison de l’aveugle-né, il indique lui-même le sens de ce que Jésus va faire : l’action de Dieu devait se manifester en lui (Jn 9, 3). Les signes que Jésus accomplit laissent voir, manifestent, qu’il est le Messie et appellent une réponse de foi de la part de ceux qui en comprennent le véritable sens.

La fête de l’Épiphanie

Née dans une culture de langue grecque, la fête qui célébrait la « manifestation » du Seigneur au monde a pris naturellement le nom d’Épiphanie. Trois événements de la vie de Jésus se trouvaient inclus dans cette fête : sa manifestation aux mages représentant toutes les nations ; celle à Israël dans le baptême au Jourdain ; et son premier signe messianique à Cana. L’Occident a conservé et séparé les deux premières manifestations du Seigneur l’Épiphanie, proprement dite, qui fait mémoire de la venue des mages, et le Baptême du Seigneur, célébré la semaine suivante. Cana ne fait plus l’objet d’une fête particulière.

La liturgie des Heures a conservé la trace de ce triple aspect dans les belles antiennes des cantiques évangéliques : « Nous célébrons trois mystères en ce jour. Aujourd’hui l’étoile a conduit les mages vers la crèche ; aujourd’hui l’eau fut changée en vin aux noces de Cana ; aujourd’hui le Christ a été baptisé par Jean dans le Jourdain pour nous sauver, alléluia » (antienne du Magnificat).

La liturgie, épiphanie de l’Église

L’Épiphanie est manifestation du Christ. Mais aujourd’hui cette manifestation passe par l’Église qui est son corps. Le pape Jean-Paul II dans sa lettre apostolique pour le 25e anniversaire de la constitution sur la liturgie écrit : « Le concile a voulu voir dans la liturgie une épiphanie de l’Église : elle est l’Église en prière », là elle « exprime la sainteté qui lui vient du Christ. » Ainsi, dans l’acte de la liturgie, est manifestée la vraie nature de l’Église qui, unie à son Seigneur, fait rayonner l’Évangile sur le monde. Il s’agit alors d’entrer dans la dynamique de l’épiphanie.


©MGF no 230 janvier 2012

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Bernadette Mélois

Bernadette Mélois est directrice du Service national de pastorale liturgique et sacramentelle (SNPLS) de la Conférence des Évêques de France, ancienne rédactrice en chef de Magnificat.

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