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Les trésors de la rédaction

Recueillir l’or des mages

Par Hélène Villars

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Si les mages, ignorant les Écritures, se sont levés pour aller à la rencontre du vrai Dieu, alors, nous aussi, nous devons marcher vers lui.

La fête de l’Épiphanie, populaire à bien des égards, nous donne d’entendre chaque année un récit aux couleurs de conte oriental. Venus des bouts du monde, des hommes se laissent guider par une simple étoile et finalement se prosternent devant un nouveau-né ignoré de tous dont les parents n’ont trouvé qu’un triste refuge pour l’accueillir.

Loin du chatoiement des représentations picturales, la scène offre une large palette de réflexions au début d’une nouvelle année.

Chercher la vérité

Les mages, nous dit le récit, sont « venus d’Orient ». Cette évocation d’un au-delà de notre culture, d’un espace lointain et inconnu laisse pressentir la longue route parcourue par ces hommes. L’espace et le temps sont inscrits dans cette simple formule, mais plus qu’un déplacement physique, elle suggère une longue et patiente recherche de la vérité. Avec les moyens à leur disposition, ils n’ont eu de cesse de comprendre les signes qu’ils voyaient. Interroger le mouvement des astres les a conduits vers l’auteur de leurs mouvements. Ils n’ont pas craint de se laisser dépasser et rien n’a freiné l’élan de leur cœur.

Chercher la vérité est le travail que tout homme est appelé à accomplir. Quels que soient les moyens qu’il possède. Si les mages, ignorant les Écritures, se sont levés pour aller à la rencontre du vrai Dieu, alors, nous aussi, nous devons marcher vers lui.

Le courage d’entreprendre

Le Christ a confié à l’Église les paroles de la vérité et c’est en elle que nous la trouvons et qu’elle nous fait vivre. Encore faut-il à l’exemple des mages se mettre en route et ne pas craindre les hasards de la route. Il ne suffit pas de voir l’étoile, ni même de la reconnaître ; il ne suffit pas de savoir que l’Église détient les paroles de la vie éternelle, il faut décider courageusement de se mettre en route à la rencontre du Dieu vivant qui nous appelle à partager sa vie.

Il s’agit donc de se mettre en marche. Dans la répétitivité de la marche au quotidien, un pas après l’autre, toujours semblable, mais seul moyen de progression. Dans l’inconnu du lendemain, avec pour seule étoile, la parole de Dieu proclamée dans la liturgie et méditée dans le silence de la prière. Dans les difficultés qui surgissent parfois douloureuses et toujours déroutantes.

Il s’agit donc de persévérer jusqu’au bout en gardant à l’intime de soi, le désir qui illumine la marche, l’élan intérieur qui pousse vers le lendemain, la volonté de connaître qui ne laisse rien s’opposer à la progression du voyage.

Marcher ensemble

Les mages sont des chercheurs aventureux. Ils n’hésitent pas à tout quitter et ne refusent pas le pari de la difficulté, mais ils ont la sagesse de ne pas partir seuls. Ils sont trois pour avancer ensemble.

Les mages savent que leur voyage sera difficile et surtout, ils savent d’expérience que le découragement guette chacun au détour du chemin, que la fragilité n’épargne personne, que la lassitude lamine les meilleures volontés. Ainsi, articulent-ils l’intrépidité qui les pousse en avant avec l’humble reconnaissance de leur vulnérabilité. À eux trois, ils forment une petite communauté soudée. Ils deviennent signe les uns pour les autres du but de leur démarche et s’offrent comme appui réciproque et réconfort mutuel. Ils se gardent aussi de la tentation de ne pas avancer.

Les mages nous offrent l’image d’une cellule d’Église. Nul ne peut prétendre avancer seul vers Dieu. Les risques d’égarement sont aussi nombreux que ceux de l’orgueil. L’Église est le lieu sûr où nous pouvons avancer ensemble. Le but est clairement fixé. Le chemin personnel n’est pas indiqué dans le détail et bien des aléas sont à prévoir, mais l’Église donne tous les repères qui permettent de ne pas s’égarer. Pour cela, il suffit de demeurer ensemble au cœur de l’Église pour célébrer le salut dans la liturgie, pour servir tous les hommes qui attendent le réconfort, et pour annoncer l’Évangile là où la vie nous a placés comme aux confins du monde.

Nous sommes donc invités à « avancer dans le pèlerinage de la foi sur des chemins toujours nouveaux », mais comme les mages, audacieusement et ensemble.

Se laisser dépasser

La recherche des mages a un but : voir le roi des Juifs et se prosterner devant lui. Mais ce qu’il trouve les dépasse totalement. Ils cherchent un roi et naturellement, ils se présentent au palais royal à Jérusalem, mais c’est dans le dernier des chefs-lieux de Judée qu’ils sont envoyés. Ils cherchent un fils de roi et ils trouvent un nouveau-né ignoré de tous dont les parents n’ont trouvé qu’un triste refuge pour s’installer.

L’humilité et la sagesse des mages leur permettent d’habiter la surprise. Ils cherchaient un roi paré des signes de sa royauté, ils trouvent un Dieu nu. Le décalage ne les trompe pas, leurs cœurs ouverts à la vérité la reconnaissent immédiatement. L’étoile qui marquait le chemin ne disait pas ce que serait la découverte. Ils ont suivi la faible lumière de l’étoile et ont été saisis par la source même de la lumière. Alors, ils éclatent de joie.

L’attitude des mages est ouverture totale à l’inattendu, acceptation du renversement des valeurs, liberté devant l’imprévisible. La vie chrétienne s’inscrit dans ce mouvement. Le Christ nous demande sans cesse de revisiter nos attentes, de changer notre regard sur l’autre, de déplacer nos certitudes. C’est à ces conditions que nous pouvons rencontrer Dieu dans nos frères les plus pauvres et que nos cœurs peuvent déborder d’une joie spirituelle donnée par l’Esprit Saint.

Repartir dans la joie

Et les mages « regagnèrent leur pays par un autre chemin. » Sont-ils pris de crainte ? Certainement pas. Hérode fait désormais partie d’un autre monde. La rencontre qu’ils viennent de faire a déplacé leur regard. Ils avaient apporté des présents, mais c’est eux qui ont été comblés. Ils se sont inclinés vers l’enfant et c’est lui qui les a relevés pour une vie nouvelle. Ils sont entrés dans le mystère de la proximité de Jésus et y ont goûté avec délices. C’est pourquoi, ils repartent par un autre chemin, non plus guidés par une étoile, mais habités par la présence du Christ. Comblés d’une joie vive et débordante ayant vu et reconnu le Roi des rois, les mages sont désormais de vivants témoins de la bonne nouvelle.

« N’est-il pas normal que la joie nous habite, lorsque nos cœurs contemplent ou redécouvrent, dans la foi, les motifs fondamentaux qui sont simples : Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a donné son Fils unique. Par son Esprit, sa Présence ne cesse de nous envelopper de sa tendresse et de nous pénétrer de sa vie, et nous marchons vers la transfiguration bienheureuse de nos existences dans le sillage de la résurrection de Jésus. Oui, il serait bien étrange que cette Bonne Nouvelle, qui suscite l’alléluia de l’Église, ne nous donne pas un visage de sauvé, la joie d’être chrétien. »

En entrant dans l’année nouvelle nous serons comme les mages des chercheurs audacieux de la Vérité et nous approfondirons en Église notre chemin de foi, d’espérance et de charité.


©MGF no 170 janvier 2007

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Hélène Villars

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