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Les trésors de la rédaction

Wanda Błenska (1911-2014) – La mère des lépreux

Par Marie de Chamvres

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L’énergie et le courage exemplaires d’une polonaise brûlée par le feu de la mission.

Un irrépressible élan missionnaire travaille le cœur de la petite Wanda. Quand pourra-t-elle quitter sa Pologne natale pour témoigner de Jésus jusqu’aux extrémités de la terre ? Elle se voit déjà médecin en Afrique, envoyée par le Christ lui-même ! Dès lors, elle s’inscrit à la faculté de médecine de Poznań pour faire fructifier son talent. Mais en ce début de XXe siècle, ni la société ni l’Église catholique ne conçoivent qu’une jeune femme laïque – qui plus est célibataire – puisse mener, solitaire, une telle mission périlleuse en terre africaine. C’est bien mal connaître l’étoffe dans laquelle est taillée cette femme, forte s’il en est ! Plutôt que de rejoindre une congrégation religieuse et embrasser une vocation qui n’est pas la sienne – ce qu’on lui propose pour pouvoir partir au bout du monde –, elle fait confiance à Dieu. Elle sait que, tôt ou tard, l’Esprit Saint forcera les portes closes, verrouillées par les hommes.

Missionnaire en Pologne

Mais Wanda n’attend pas les bras croisés, ni même en croix ! Au contraire, elle s’investit à cœur perdu dans la mission, là où elle vit. D’abord dans Sodalicja Mariańska – la Sodalité de Marie –, un mouvement laïc de spiritualité mariale. La Vierge n’est-elle pas reine de la Pologne ? Puis en 1927, sous son impulsion est inauguré le premier « Cercle académique missionnaire » à l’université de Poznań. Une idée inspirée puisqu’elle essaime rapidement à Cracovie, Lviv, Lublin, Varsovie et Vilnius. Wanda ne s’arrête pas là ; elle devient membre responsable de l’association des sociétés de mission en Pologne, participe à des congrès missionnaires nationaux et internationaux, et à la rédaction des Annales Missiologicae Posnanienses, la première revue missionnaire en Pologne. En 1932, le pape Pie XI lui confie le mandat de répandre l’Œuvre pontificale pour la propagation de la foi. Deux ans plus tard, l’étudiante devient docteur en médecine, à seulement 23 ans

Wanda l’intrépide

Brûlée par le feu de la mission, Wanda n’a pas froid aux yeux qu’elle garde fixés sur le Christ. Pendant la guerre, alors qu’elle travaille dans divers hôpitaux à Toruń, elle n’hésite pas à s’enrôler dans une organisation militaire secrète qui fait partie de l’Armée nationale, le principal mouvement de résistance. Arrêtée pour conspiration en 1944, elle est emprisonnée et condamnée à mort. Ô miracle, l’intrépide résistante est libérée au bout de deux mois. À la fin du conflit, bravant là encore le danger, elle passe clandestinement en Allemagne de l’Est pour visiter Roman, son frère mourant. Parce qu’il lui est ensuite devenu impossible de rentrer en Pologne, elle reste en Allemagne où elle travaille dans des hôpitaux militaires polonais.

L’Afrique, enfin

Wanda n’a pas oublié son rêve. L’Esprit va bientôt lui ouvrir un chemin… À Londres où elle est partie en 1947 pour se former à la Royal Society of Tropical Medicine and Hygiene, elle rencontre un père blanc. Le missionnaire lui parle d’une léproserie à construire en Ouganda ! En 1950, sur invitation de l’évêque du lieu, Wanda pose enfin le pied sur ce sol où, depuis tant d’années, elle s’était sentie appelée. Le projet ne verra jamais le jour, mais les hôpitaux de Nyenga et Buluba, centres de traitement de la lèpre récemment fondés par une franciscaine, manquent désespérément de médecins. Wanda apparaît comme un cadeau tombé du ciel !

La Mère Teresa polonaise

Plus qu’un médecin aux compétences professionnelles indéniables et reconnues internationalement, Wanda est surtout perçue comme un témoin de l’amour inconditionnel de Dieu. Elle ne veut pas seulement soigner les plaies des lépreux, ces parias stigmatisés et rejetés, mais les restaurer dans leur dignité de personnes humaines et d’enfants de Dieu. Conquis par son amour rayonnant et incarné – elle tient, par exemple, à examiner les malades sans gants, sauf quand la plaie est ouverte ou quand elle opère –, les Ougandais la surnomment bientôt la « mère des lépreux ». C’est le cœur transpercé qu’elle retourne en Pologne en 1992, après quarante ans de mission au service de ses frères d’Ouganda.

Jusqu’à sa mort en 2014, à l’âge de 103 ans, Wanda participe activement à la mission de l’Église. Elle aime surtout parler aux enfants et aux adolescents pour leur livrer le secret de sa vie à la suite du Christ : « Si tu as une bonne idée, lumineuse, cultive-la ! Ne la laisse pas s’endormir, ne la refoule pas ! Même si elle te semble impossible ou trop difficile à atteindre, ne te décourage pas ! Tu dois cultiver tes rêves ! »

©MGF no 323, octobre 2019

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Marie de Chamvres

Journaliste, Marie de Chamvres collabore régulièrement à Magnificat.

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