Les trésors de la rédaction

Unité des chrétiens

Par Serge Kerrien

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« Que tous soient un » : l’appel à l’unité de tous les chrétiens doit nous inciter à faire vivre l’esprit œcuménique et à communier avec nos frères d’autres confessions, en dépit des différences. Les célébrations liturgiques de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens nous en donnent l’occasion.

Chaque année, l’Église propose aux fidèles une semaine de prière pour demander la grâce de l’unité des chrétiens. Nous n’en percevons pas toujours l’enjeu : avancer un peu plus sur le chemin de l’unité malgré les différences qui séparent encore les chrétiens, et témoigner de leur désir d’unité. Les célébrations liturgiques en sont l’occasion.

Une réponse à la prière du Christ

Avant sa mort, Jésus prie son Père pour l’unité de tous ceux qui croiront en lui : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi. Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé » (Jn 17, 21-23). Cette unité pour laquelle Jésus prie n’est pas d’abord le résultat de nos volontés ; elle est un don de Dieu à tous ceux qui confessent le nom du Christ, don à recevoir comme l’image du Père et du Fils. Dieu seul est à l’origine de l’unité de ceux qui le confessent ; encore faut-il en être conscient. Cela suppose que nous puissions, pour répondre à la prière de Jésus, laisser notre orgueil, nos combats dont l’origine n’est pas toujours la quête de la vérité, pour accueillir le don que Dieu nous fait de sa propre unité, source de la nôtre.

Notre communion à la même foi ne peut venir que de l’accueil en nous du don de Dieu. De cet accueil dépendra alors grandement la façon dont nous concevrons la Semaine de prière et le contenu de nos célébrations œcuméniques : « L’Église universelle apparaît comme un peuple qui tire son unité de l’unité du Père et du Fils et de l’Esprit Saint » (Lumen gentium, n° 4). Conséquence de l’unité trinitaire, le désir d’unité des chrétiens trouve sa source et son espérance dans la prière du Christ, comme le rappelle Vatican II dans son décret Unitatis redintegratio : « En fin de compte, le Concile déclare avoir conscience que ce projet sacré – la réconciliation de tous les chrétiens dans l’unité d’une seule et unique Église du Christ – dépasse les forces et les capacités humaines. C’est pourquoi il met entièrement son espoir dans la prière du Christ pour l’Église, dans l’amour du Père à notre égard, et dans la puissance de l’Esprit Saint qui nous a été donné (Rm 5, 5) » n° 24.

Des célébrations

Proposer des célébrations œcuméniques et les bâtir ensemble ne relève pas d’un simple gadget dont le but serait de se donner bonne conscience. Il s’agit d’y ­approfondir le mystère d’une Église-communion. Un héritage spirituel commun, fondé sur une écoute commune de la parole de Dieu, une prière commune, des gestes posés et un engagement concret à faire avancer l’unité dans nos différentes communautés peut y aider. Cela demande une disponibilité au travail de l’Esprit Saint et l’abandon de certaines formes de suffisances. Des traditions respectives s’enrichissent et nourrissent alors le désir d’unité d’une vie spirituelle. Deux points communs à ces traditions peuvent être le baptême et la parole de Dieu tant que le partage eucharistique n’est pas possible. L’un et l’autre aideront les chrétiens des différentes communautés à travailler à une célébration commune. S’appuyer sur ce qui les rassemble plutôt que sur ce qui les divise permet à celles et ceux qui s’engagent sur le chemin de l’unité de vivre un œcuménisme spirituel, c’est-à-dire une conversion personnelle dont les fruits seront un chemin renouvelé vers l’unité voulue par le Christ.

Dès lors, préparer et mettre en œuvre des célébrations œcuméniques consiste non pas à juxtaposer des éléments dont le but premier serait de donner à chacun un moment qui lui soit propre, mais à se mettre ensemble, dans le silence, à l’écoute de la Parole, à se rendre disponible à l’Esprit Saint qui seul peut convertir les cœurs et faire progresser les chrétiens dans l’unité. Les prières, les chants retenus, les gestes posés, la Parole entendue et partagée construiront alors une mémoire commune d’un désir d’unité, en fidélité à la prière de Jésus. Mais aucune célébration, si bien pensée soit-elle, ne nourrira un chemin d’unité, si, d’abord, le désir d’unité n’est pas accueilli comme un don de l’Esprit Saint.

Pour donner le signe du Christ

« Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé » (Jn 17, 23). La prière de Jésus est claire sur la nécessaire unité de ses disciples, et donc sur le but de nos Semaines de prière pour l’unité et de nos célébrations œcuméniques : témoigner au monde de notre foi au Christ et annoncer le but ultime du salut, notre unité en Dieu à la fin des temps. Cette unité n’est pas à attendre ; elle est à construire grâce au don que Dieu nous donne par et dans le Christ. Aujourd’hui, le signe de l’unité, désiré par le Christ, n’est pas donné au monde. Au contraire, nos divisions apparaissent en pleine lumière, chacun opposant aux autres sa vision du Christ et de l’Évangile. Dès lors, comment témoigner de l’amour du Christ si ses disciples contredisent cet amour par leurs attitudes ou leurs paroles ? À cause de nous, la mission confiée aux Apôtres est arrêtée et la prière du Christ, oubliée alors qu’elle devrait être, pour tous les chrétiens, un mémorial à faire vivre. Pour que l’unité se réalise, il est nécessaire qu’elle soit visible aux yeux du monde, de manière concrète et pas seulement dans des déclarations de bonnes intentions. Pour croire, nous avons besoin de voir. Les Évangiles nous rapportent à plusieurs reprises les œuvres que Jésus accomplit sous les yeux de ses contemporains et, qu’à la vue de ces œuvres, beaucoup étaient amenés à croire qu’il était l’envoyé du Père, le Messie attendu. Désormais, ce sont les œuvres de l’Esprit, dont l’unité des chrétiens, qui sont un témoignage et une invitation à croire.

Le chemin vers l’unité

La foi naîtra d’une même Parole annoncée par une Église une et sainte, image de Dieu unité et pluralité dans la Trinité. Nos célébrations œcuméniques, nos Semaines de l’unité ne sauraient y suffire. Elles ne peuvent que servir de tremplin à des actions concrètes, appelées à construire une unité déjà là mais pas encore totalement réalisée. La première action serait de croire que c’est la ferme volonté des autres de cheminer vers l’unité. La seconde serait d’entretenir un dialogue permanent avec les autres confessions chrétiennes, de participer à des œuvres communes envers les pauvres, les laissés-pour-compte de nos sociétés. Quant à notre prière, elle devrait porter en permanence ce souci d’unité, particulièrement nos prières universelles dominicales. Enfin, il serait nécessaire de cesser les polémiques et les anathèmes réciproques, et de rechercher non pas un consensus mou, mais ce qui, chez l’autre, peut enrichir notre relation au Christ. Alors, dans la richesse des expressions de notre foi, nous manifesterons que la prière du Christ se réalise et nous rend crédibles. Le chemin vers l’unité est long et ardu. Les célébrations œcuméniques en sont un élément ; elles n’en sont pas le seul. Face à un tel défi, nos capacités humaines sont bien faibles. Ne désespérons pas face aux obstacles. Mettons notre espoir dans la prière du Christ pour l’Église et dans le don de l’unité qu’il a déjà offert.


©MGF 386, janvier 2025

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Serge Kerrien

Ancien directeur adjoint du SNPLS, diacre permanent du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier, Serge Kerrien porte le souci de la formation liturgique.

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