Magnificat

Elizabeth Ann Seton (1774-1821)

Par Aude Bracq

Par Aude Bracq

Le 1 janvier 2024

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Alban de Châteauvieux

u Fêtée le 4 janvier u

Il y a 250 ans naît, à New York, celle qui deviendra la première sainte des États-Unis : Elizabeth Ann Seton. Elle grandit dans une famille de la bourgeoisie protestante épiscopalienne, hostile aux « papistes ». Elle n’a que trois ans quand meurt sa mère, puis sa sœur. Rejetée par la nouvelle épouse de son père, élevée par ses grands-parents, Elizabeth Ann est une enfant d’une extrême sensibilité, profondément marquée par l’éloignement forcé d’avec les siens. Elle n’a que 19 ans quand son père la marie avec un beau parti : William Seton, l’héritier d’une famille de riches armateurs new-yorkais. Le couple a de l’argent, sa réussite sociale est assurée. La jeune femme donne naissance à cinq enfants et tout pourrait aller pour le mieux, sauf que les affaires maritimes se portent mal, les traversées de l’Atlantique sont de plus en plus difficiles. Pour ne rien arranger, William contracte la tuberculose. Les médecins lui conseillent l’air italien.

Veuve à 29 ans

Courageusement, le couple prend la décision de partir, à l’automne 1803, avec Anna, l’aînée, âgée de 8 ans. La traversée puis la quarantaine épuisent pourtant William, qui meurt à Pise en décembre 1803. Elizabeth Ann et sa fille se retrouvent seules, sans argent, dans un pays inconnu. Démunie, la jeune mère accepte le réconfort d’une famille catholique, les Felicchi, que William fréquentait en affaires. Cette rencontre sera décisive. La foi ardente des Felicchi, leur accueil sans conditions malmènent les préjugés contre les catholiques que lui avait inculqués sa famille. Curieuse, elle les accompagne à un pèlerinage marial à Livourne, puis décide de participer régulièrement à la messe. Son cœur s’ouvre à la foi de ses bienfaiteurs. Mais ses quatre autres enfants l’attendent à New York. Un an après son retour en Amérique, fidèle à sa conversion, elle embrasse la foi catholique, reçoit l’eucharistie et la confirmation. La liberté intérieure a un prix : sa famille coupe immédiatement les ponts. La voilà veuve, isolée, mère de cinq enfants, sans aucun revenu car l’entreprise de son mari a fait faillite.

Les sœurs de la Charité de Saint-Joseph

L’éclaircie viendra de l’évêque de Baltimore qui lui propose, en 1808, d’ouvrir une école catholique pour filles à Emmitsburg, dans le Maryland. Afin d’encadrer cet enseignement, elle fonde, un an plus tard, la première congrégation féminine catholique aux États-Unis. Les sœurs de la Charité de Saint-Joseph empruntent leur règle aux Filles de la Charité, fondées en France par saint Vincent de Paul au xviie siècle. Elizabeth Ann concentre leur action sur les pauvres, les femmes et les enfants modestes, dans lesquels elle voit la figure du Christ. Les sœurs de la Charité essaiment tout le long de la côte est des États-Unis et au Canada, toujours dévouées à l’éducation, à l’accueil des orphelins, au soin des malades, des vieillards et des mourants. Bravant les discriminations, leurs institutions accueillent autant les Blancs que les Noirs. Malade, Elizabeth Ann, qui a contracté la tuberculose auprès de son mari, meurt le 4 janvier 1821 à Emmitsburg, à seulement 46 ans. n

À l’écoute d’Elizabeth Ann Seton

« Mon admiration pour les nuages ; mon bonheur à les contempler toujours avec une pensée pour ma mère et pour ma sœur Kitty, toutes deux au ciel. Mon bonheur à rester seule assise au bord de la mer, à errer pendant des heures sur la plage, chantant, ramassant des coquillages. La moindre petite feuille, la moindre fleur, un insecte, un animal, l’ombre des nuages, le frémissement du feuillage, tout sujet de pensées vagues, indéfinies, vers Dieu et vers l’autre vie. […] Action de grâces, louanges à Dieu, mille promesses d’une éternelle gratitude. »

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Aude Bracq

(Journaliste, Aude Bracq est également biographe, en particulier pour les personnes gravement malades avec l’association Passeur de mots, passeur d’histoires.

Le Christ à la mer de Galilée, Circle of Jacopo Tintoretto (Probably Lambert Sustris), Anonymous Artist - Venetian, 1518 or 1519 - 1594. © National Gallery of Art, New-York