Magnificat

Sainte Bernadette Soubirous (1844-1879)

Par Père Dominique-Marie Dauzet, o.praem.

Par Père Dominique-Marie Dauzet, o.praem.

Le 1 avril 2024

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Alban de Châteauvieux

Fêtée le 18 février en France, le 16 avril au Martyrologe

La France de Louis-Philippe, dans la petite ville de Lourdes des Hautes-Pyrénées, au bord du gave de Pau ; la famille est très pauvre : François est meunier, Louise fait des ménages et des lessives dans les maisons bourgeoises. On mange quand le père a pu louer ses bras à la journée. Bernadette, née le 7 janvier 1844, est l’aînée de huit frères et sœurs. Les parents sont des chrétiens fervents. Bernadette apprend chez elle la prière et la charité. Pour la classe ou le catéchisme, elle a plus de mal, et sa mémoire est faible.

Il n’y a pas beaucoup à dire de cette enfance, pauvre mais heureuse.

La « belle dame »

Sauf qu’un matin de février 1858, Bernadette (14 ans), sa sœur Toinette et une jeune voisine ramassent du bois pour leur foyer, du côté de Massabielle. Au bord de la rivière, Bernadette entend une rumeur de vent, tourne les yeux du côté de la grotte : « Je vis une jeune fille blanche, pas plus grande que moi, qui me salua par une légère inclination de la tête. » Ainsi commence la série des dix-huit apparitions de la « Dame » à Bernadette, qui s’échelonnent jusqu’au 16 juillet 1858. Pressée par le curé Peyramale, Bernadette interroge l’apparition sur son identité. Le 25 mars, elle obtient satisfaction : « J’allai chez Monsieur le Curé lui raconter qu’elle m’avait dit qu’elle était l’Immaculée Conception et il me demanda si j’en étais bien sûre. Je répondis que oui et que, pour ne pas oublier ce mot, je l’avais répété tout le long du chemin. »

Le succès phénoménal des apparitions, relayé par la presse nationale, déplace des foules. En mars déjà, quelque huit mille personnes accompagnent Bernadette à la grotte : heureusement qu’elle ne voit personne autour d’elle, sinon la Dame.

On croit à la supercherie : curé, gendarmes et procureur s’y mettent, les interrogatoires se succèdent. Bernadette répond avec calme, avec humour. Même menacée de la prison, pour voir si elle va se rétracter, elle ne dévie pas d’un pouce de ses déclarations. Elle dit simplement : « Je ne crains rien, parce que j’ai toujours dit la vérité. » Cependant, les apparitions, reconnues par l’Église en 1862, font une vie presque impossible à Bernadette. Il lui faut quitter Lourdes, où l’on commence la construction d’une basilique pour les pèlerins incessants.

Une sœur cachée

De Nevers, où elle entre en 1866 chez les sœurs de la Charité, elle dit : « Je suis venu ici pour me cacher. » Mais les évêques et les prélats de passage demandent souvent à voir Bernadette. La supérieure l’envoie au parloir. Bernadette y va, d’un pas résigné : « On me montre comme une bête curieuse. » Toute simple, obéissante, elle fait le ménage, tient l’infirmerie. Son humilité est totale. Cette petite sœur maladive, qui brode admirablement les aubes pour les prêtres, ne voit jamais de raison pour être complimentée : « Oh, c’est mettre une aiguille devant l’autre », dit-elle. Jusqu’à son dernier soupir – elle meurt de la tuberculose en 1879 – Bernadette Soubirous garde la paix, irradiant de patience et de bonté. Elle est canonisée par Pie XI en 1933, un 8 décembre, jour de la solennité de l’Immaculée Conception. n

À l’écoute de Bernadette Soubirous

« Relevant les yeux, je vis la jeune fille qui me souriait avec beaucoup de grâce et m’invitait à m’approcher. J’avais peur. Ce n’était pourtant pas une peur comme j’en ai eu d’autres fois, puisque je serais toujours restée pour regarder celle-là (aquéro) au lieu que lorsqu’on a peur, on s’en va vite. Alors, l’idée de prier me vint. Je pris le chapelet que je porte habituellement sur moi.

« Elle portait une robe blanche descendant jusqu’aux pieds, dont l’extrémité seule paraissait. La jeune fille était vivante, très jeune et environnée de lumière. Quand j’eus fini mon chapelet, elle me salua en souriant. Elle recula dans la niche, et disparut tout d’un coup. »

(Le père Dominique-Marie Dauzet est religieux prémontré de l’abbaye de Mondaye (Calvados). Prêtre, théologien et historien des religions, il est notamment l’auteur de plusieurs vies de saints et d’ouvrages d’histoire de la spiritualité.

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Père Dominique-Marie Dauzet, o.praem.

Le Christ à la mer de Galilée, Circle of Jacopo Tintoretto (Probably Lambert Sustris), Anonymous Artist - Venetian, 1518 or 1519 - 1594. © National Gallery of Art, New-York