Magnificat

Saint Patrick (386-461)

Le 1 mars 2024

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© Alban de Châteauvieux

Fêté le 17 mars

Festivités, parades, bières irlandaises, tenue vestimentaire toute de vert avec un trèfle accroché à la chemise ou à la veste, le 17 mars, la Saint-Patrick dépasse largement les frontières du pays. Mais que vient-elle fêter au juste ? Il nous faut remonter le temps de plus de 1500 ans. Nous sommes sur une île païenne où un certain Maewyn Succat est alors esclave d’un druide irlandais. Il a 16 ans lorsque des pirates l’enlèvent à sa famille en Angleterre et le vendent à un prêtre païen d’Irlande qui l’emploie comme berger. Celui qui deviendra saint Patrick, Maewyn, est né vers 385 dans le nord de l’Angleterre au sein d’une famille chrétienne. C’est pendant ses six années d’esclavage, dans l’exercice d’une humilité totale, qu’il vit une expérience personnelle de la foi où il déclare : « Je ne dois pas cacher le don que Dieu nous a accordé sur la terre de ma captivité, parce qu’alors je l’ai beaucoup cherché et là, je l’ai trouvé, et il m’a sauvé de toutes les iniquités. » Un jour, il fait un rêve où il entend une voix qui lui dit : « Rejoins le rivage, prends un bateau et pars ! »

L’appel de la mission

Cette voix qui résonne au plus intime de lui-même est celle de son Seigneur et maître à qui il obéit sur-le-champ en s’échappant. C’est ainsi qu’il retrouve sa liberté et embarque pour rejoindre les côtes anglaises. Il devient prêtre quelques années plus tard et gagne les îles de Lérins, en France, où il étudie la théologie au monastère de Saint-Honorat. Il suit ensuite les enseignements de saint Germain d’Auxerre et l’accompagne dans ses missions. Celui-ci le recommande au pape Célestin Ier qui envoie alors Patrick en mission en Irlande pour évangéliser le pays. L’esclave devenu missionnaire accomplit alors une œuvre colossale sur « cette nation, qui m’a pris autrefois, dit-il, et dont je suis aujourd’hui le serviteur, à cause de la gloire ineffable de la vie éternelle dans le Christ Jésus, notre Seigneur ». Il est alors difficile de distinguer ce qui relève de la légende ou de la vérité historique mais ce qui est certain, c’est que la tradition a fait de Patrick l’évangélisateur infatigable de l’Irlande : « Et si j’en étais digne, je suis prêt à donner ma vie, sans hésiter, et très volontiers pour son nom, et je souhaite la dépenser ici jusqu’à la mort si le Seigneur me l’accorde », déclare-t-il dans ses confessions. À lui seul, il fonde plusieurs centaines d’églises et de monastères, convertit et baptise par centaines de milliers. Parmi les exploits missionnaires où saint Patrick sort l’Irlande de ses errances druidiques pour la conduire au christianisme, il y a celui de la rencontre avec le roi à qui il tente d’expliquer le mystère de la Trinité à partir d’un trèfle. L’illustration convainc le monarque et marque le début de sa conversion, étape majeure dans le travail de christianisation de tout le pays. L’Irlande gardera de cet événement l’image du trèfle comme symbole national et, à partir de ce jour-là, Patrick chasse tous les serpents du pays, ce qui symbolise la conversion du peuple à la chrétienté. Il est ordonné évêque et meurt le 17 mars 461 dans une Irlande devenue chrétienne. Sa fête, célébrée par les Églises catholique, orthodoxe, luthérienne et par l’Église d’Irlande (anglicane) fait office, par tradition, de fête nationale. n

À l’écoute de saint Patrick

Que suis-je, Seigneur, ou quelle est ma vocation, que tu m’aies ouvert tant de puissance divine ? En sorte, qu’aujourd’hui, chez les Gentils, j’exalte et je magnifie ton nom partout où j’aurai été ; non seulement dans le bonheur mais aussi dans l’épreuve ; en sorte que tout ce qui m’adviendra de bien ou de mal, je dois l’accueillir également, et toujours rendre grâce à Dieu qui m’a montré sans aucun doute de croire en lui perpétuellement, et qui m’a entendu ; en sorte, que moi, ignorant, dans les derniers jours j’entreprends cette œuvre si pieuse, et merveilleuse, au point d’imiter ceux auxquels le Seigneur auparavant a autrefois prédit qu’ils annonceraient son Évangile en témoignage à tous les Gentils avant la fin du monde. Et donc, comme nous l’avons vu, cela a été fait. Voilà que nous sommes témoins que l’Évangile a été prêché jusqu’au pays au-delà duquel il n’y a personne.

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Le Christ à la mer de Galilée, Circle of Jacopo Tintoretto (Probably Lambert Sustris), Anonymous Artist - Venetian, 1518 or 1519 - 1594. © National Gallery of Art, New-York